LA COURSE A LA MAISON BLANCHE

Les concurrents

Barack Obama

Joe Biden

John McCain

Sarah Palin

Bob Barr

Ralph Nader

Hillary Clinton

Bush & Co.


Les commentateurs

Dates

20/10-04/11

06/10-19/10

29/09-05/10

22/09-28/09

15/09-21/09

08/09-14/09

01/09-07/09

25/08-31/08

08/08-24/08

28/07-07/08

21/07-27/07

14/07-20/07

    Les archives

Samedi 27 Septembre : Qui a gagné le match nul ?

UPDATE : J'ai détaillé mes propos, comme promis, mais pas autant que j'aurais voulu, car je n'écrirai rien pour ce dimanche. Prochaine mise à jour : dans la nuit de dimanche à lundi. Peut-être qu'entre-temps la mort de Paul Newman aura détourné un peu la couverture médiatique de l'élection pour un jour ou deux...

J'ai regardé le débat cette nuit, et mon impression, partagée par à peu près tout le monde, est que ce n'était pas très intéressant, et que les deux candidats ont fait globalement match nul. Or, c'est très insuffisant pour McCain.

La politique étrangère est son point fort ; il est en train de chuter dans les sondages ; les réactions au choix de Palin sont de plus en plus mauvaises, le texte de relance économique a été mis en difficulté en partie à cause de lui ; la suspension de sa campagne n'a pas été bien comprise ; il avait donc besoin de faire beaucoup mieux qu'un match nul. Ca semble même un match nul assez étrange : les commentateurs donnent plutôt la victoire à McCain, les électeurs, apparemment, à Obama

Personnellement, je considère les réactions à un débat non comme une conséquence des performances, mais comme une indication de quel candidat leur plaît le plus. En gros, si 55 % des gens pensent voter Obama, alors 55 % sont d'accord avec lui, et 55 % penseront qu'il a gagné. Les premiers résultats semblent donc être problématiques pour McCain. 

Mais il faut se méfier des premières réactions, qui ont tendance à être modifiées avec le temps. Le gagnant d'un jour, comme Gore en 2000, peut être déclaré perdant peu après. Pour le reste des réactions immédiates, je vous conseille de suivre les liens. Maintenant, les détails sur pourquoi ce débat était essentiel pour McCain.

Enfin, le fait qu'on l'entende sur la vidéo dire "horseshit", ou "c'est des conneries" en réaction à une affirmation d'Obama pourrait assez mal passer, même si presque personne ne l'avait entendu dans l'immédiat.

Les sondages

Chez Pollster, ils ont des nouvelles applications vraiment bien faites pour présenter les sondages. Je vous en donne 2, aux USA et en Virginie, peut-être l'état le plus important cette année avec le Colorado. J'espère que tout marche bien, en particulier que les lignes de tendance s'affichent, sinon cliquez sur les graphiques.

Les quotidiens sont mauvais, McCain étant à -3 chez Gallup, -5 chez Diageo/Hotline, -6 chez Kos/Research 2000, et surtout - 6 chez Rasmussen, qui est normalement le plus modéré de tous dans ses écarts, en raison de sa méthode de pondération très conservatrice.

Par ailleurs, différents résultats semblent montrer que l'écart est peut-être sous-estimé. La non-prise en compte des téléphones portables, dont j'ai déjà parlé ici, et la possible sous-estimation de la proportion de jeunes et de noirs dans l'électorat pourraient coûter facilement 5 points à Obama. On n'est surs de rien pour l'instant, et j'espère pouvoir rentrer plus en détails plus tard, mais il suffit de dire pour l'instant que l'institut de sondage d'Ann Selzer, spécialisée dans les états du Midwest, qui est parmi les meilleurs et avait les meilleures résultats lors des primaires, prend différemment en compte ces populations, et obtient des résultats nettement meilleurs pour Obama que les autres, de près de 8 points ! Elle joue gros en terme de crédibilité, et si c'est elle qui a raison, l'élection est d'ores et déjà dans la poche pour Obama, qu'elle voit loin devant dans le Michigan (+13) et devant dans l'Indiana (+5), alors que tout le monde les voit légèrement pour Obama et McCain respectivement.

Les réactions à Palin

C'est de mal en pis. Elle n'a eu que trois interviews, une pas très compliquée avec le journaliste Charlie Gibson, une facile avec l'ultra conservateur de Fox News Sean Hannity, et une de difficulté "normale" avec la journaliste vedette Katie Couric. Les réactions sont tellement mauvaises que certains qui la soutenaient il y a peu souhaitent maintenant son retrait. Pour Jack Cafferty de CNN, qu'on pourrait décrire comme un modéré, affirme "Si Sarah Palin à un battement de coeur de la présidence ne vous fait pas peur, cela devrait".

Après le débat, alors que Biden fait le tour des émissions télé, Palin n'est vue nulle part, et même Wolf Blitzer, le journaliste politique en chef de CNN, se demande où elle est. Certains se demandent de plus en plus sérieusement si les manoeuvres de McCain de ces derniers jours ne servaient pas essentiellement à ce qu'on ne parle pas de son interview. Or, le prochain grand moment de cette élection est le débat des vice-présidents du 2 octobre, il est donc essentiel pour les Républicains qu'elle se reprenne rapidement.

Vendredi 26 Septembre : Pause relative

La journée a encore été compliquée, les positions des uns et des autres sont très réfléchies et assez difficiles à analyser, et une fois encore, il faut suivre la campagne en regardant en parallèle ce qui se passe au Congrès, là où s'écrivent les lois.

Je me rends même compte que les Républicains du Sénat, de la Chambre des Représentants, et les Démocrates des deux chambres ne forment pas deux, mais 4 camps aux intérêts différents*. Rajoutez à ça les 2 campagnes et la Maison Blanche, ça fait au moins 7 parties qui essayent de se placer les unes par rapport aux autres

Au Congrès, la journée avait commencé par des nouvelles "encourageantes", puisqu'il semblait que les différentes parties du Congrès s'étaient mis d'accord sur des grandes lignes. Il semblait que malgré les différences, tous voulaient qu'un accord soit conclu avant la réunion de l'après-midi à la Maison Blanche entre Bush, McCain, Obama, et tous les autres acteurs importants du sujet, de peur que ça ne complique les choses. Cela semblait donc presque résolu, même si les derniers détails risquaient de prendre plusieurs jours, alors que Bush voulait une solution avant la fin de la semaine, et que McCain avait dit qu'il ne participerait au débat de ce soir que si un texte était signé.

Or, la fameuse réunion à la Maison Blanche ne s'est pas très bien passée. A la surprise des Démocrates, une nouvelle contre-proposition a été mise sur la table, revenant sur les propositions faites par les Démocrates pour aider les personnes en difficulté, enterrant peut-être ainsi l'accord. Je n'ai pas très bien compris si cette contre-proposition avait été faite officiellement par Paulson ou McCain (ou s'il y en a eu des deux). Paulson avait apparemment prié les Sénateurs de ne pas "tout foutre en l'air", et les Démocrates accusent McCain.

La suite n'est pas non plus très claire. Le texte pourrait quand même être signé vendredi ou samedi, ou plus probablement modifié, discuté, pendant le week-end. Quant aux candidats, je serais quand même surpris que le débat n'ait pas lieu, même si rien n'est assuré. La politique est affaire de perceptions, et la position de McCain est fragile : s'il est perçu, à tort ou à raison, comme responsable de ce délai, en plaçant la campagne au milieu des négociations, qui plus est le lendemain de sa décision de "suspendre sa campagne" pour aider à faire avancer le dossier, cela pourrait réellement se retourner contre lui. Il est donc nécessaire qu'il s'exprime, ce qu'il a fait ce jeudi soir en allant sur les trois grandes chaines nationales. J'imagine mal qu'il puisse laisser ce soir la scène libre au seul Obama. Nate pense même qu'il cherche à jouer à quitte ou double sur le débat, en augmentant l'intérêt, les attentes et donc les audiences.

D'ailleurs, pourquoi McCain, alors qu'il a suspendu sa campagne, fait-il le tour des journaux télé ? En fait, il s'avère qu'il n'a pas suspendu grand-chose. Les pubs radio et télé ont continué à être diffusé ("ça prend du temps à arrêter", dit-on), les bureaux tournent toujours, les supporters de McCain sont à la télé, etc. Pour le HuffPo, rien n'a vraiment changé. En fait, c'est plus une question de vocabulaire : s'il avait simplement dit qu'il prenait quelques jours sur son agenda pour aller à Washington, personne n'aurait rien dit. Mais en annonçant la suspension de sa campagne, ce qui est honnêtement impossible, il a fait un bruit énorme. Ce qui lui aura au moins servi, d'après Ben Smith, à ce que personne ne parle des interviews plutôt pas terribles de Palin et des nouvelles révélations sur les activités de lobbyiste de son directeur de campagne.

La bataille pour "définir" ce qui s'est passé ces derniers jours, c'est-à-dire pour imposer un point de vue global sur qui a eu raison et qui a eu tort, risque d'être assez terrible, et le débat devrait être crucial pour ça.  Mais il faut encore s'attendre à ce que tout bouge pendant la journée de demain...

A suivre, et vivement demain soir...

* Je ne sais pas si les tendances politiques moyennes entre Sénateurs et Représentants sont différentes ; la différence principale que je vois est que tous les Représentants ont une élection également le 4 novembre, contre un tiers seulement des sénateurs, qui ont donc un peu plus de marge par rapport à l'opinion publique. Sentant le public de plus en plus opposé à ce plan, les Représentants Républicains pourraient s'opposer au plan afin d'en faire une position essentielle pour les élections. La cheftaine des Démocrates du Congrès, Nancy Pelosi voulait donc absolument leur soutien. La position de McCain semble critique pour eux. 

Jeudi 25 Septembre : Pause ? PAUSE ?

Incroyable : John McCain a décidé de suspendre sa campagne, officiellement pour rentrer à Washington, parler de la crise avec Bush et Obama si celui-ci est d'accord.

Ce nouveau coup de dés est une surprise extraordinaire, deux jours avant le premier débat, qu'il propose de repousser. Après le pari Palin, McCain reprend un risque énorme (Sullivan va finir par littéralement exploser). Le gain serait pour lui de se montrer conciliant et non partisan, constructif, même sur le plan économique. Le risque est évidemment de laisser penser que ce n'est qu'unstratagème. Il s'est déjà fait démonter chez Dave Letterman ce soir. Le présentateur / humoriste vedette devait recevoir le sénateur, mais celui-ci a l'appelé pour dire qu'il se rendait à Washington. Quand Letterman a appris que McCain était en fait à deux pas de là, en train d'enregistrer une interview (malgré cette suspension de sa campagne), il a affirmé "On n'interrompt pas une campagne. Ca sonne faux. Ce n'est pas comme ça que se comporte un vrai héros. (...) J'ai l'impression que quelqu'un met quelque chose dans ses laxatifs".

Chez Obama, on souhaite continuer la campagne, en disant que c'était au contraire le moment idéal pour un débat. Obama a même affirmé "un président doit s'occuper de plus d'une chose à la fois. On ne peut pas penser qu'on peut ne faire qu'une chose et suspendre le reste". Chez McCain, on propose de replacer le débat le 2 octobre, et donc de repousser également le débat entre Biden et Palin. D'après Ambinder, les politiciens voient tout ça comme un stratagème et les journalistes sont sceptiques, mais il faudra attendre un peu pour voir ce qu'en pensent les Américains. Par ailleurs, il se demande ce que veut dire exactement suspendre une campagne (les salariés sont-ils toujours payés ?). Enfin, il rapporte que McCain ne participera pas au débat si aucun accord n'est passé au congrès

Je suppose que d'ici que la journée américaine se termine, plusieurs nouveaux développements seront annoncés. Le meilleur moyen de passer en un coup d'oeil les titres de tous les articles politiques, c'est encore d'aller ici.

Plus concrètement, pourquoi McCain s'est-il retrouvé dans cette situation ?

La politique est parfois comme une partie d'échecs en trois dimensions. Ici, la situation est assez complexe. Ces deux derniers jours, j'ai pu évoquer les calendriers parallèles, campagne d'un côté, plan de relance au Congrès, et je l'ai dit, le souci principal d'à peu près tout le monde, c'est de ne pas être jugé responsable d'une erreur.

Henry Paulson, le ministre du budget, avait donc proposé un plan de relance, critiquable et critiqué. Chris Dodd a rédigé une contre-proposition. Les démocrates ont une majorité au Congrès, et pourraient donc faire passer une loi. Mais ils pensent que s'ils ne le font pas avec l'aval des Républicains, ceux-ci les laisseront en prendre toute la responsabilité, et les critiqueront ouvertement pour un geste irresponsable et tragique, sans trop insister sur le fait qu'ils ne savaient pas du tout quoi faire. D'un autre côté, beaucoup estiment que les Républicains seront jugés responsables d'un échec, quoiqu'ils disent. Cela va trop vite pour faire le tri et être sûr qu'un choix sera le bon, chaque parti se méfie donc des retombées.

Pour McCain, c'était une opportunité de se détacher des Républicains et de montrer son indépendance, pouvant se permettre de critiquer tout le monde. Pour cela, il suffisait de faire quelques généralités, et une fois le plan passé, car il y aura un plan, le critiquer vertement. Sentant ce genre de manoeuvre, Harry Reid, le chef de la majorité démocrate au Sénat, a appelé McCain à faire connaître sa position clairement. La suspension de sa campagne et l'annonce de son retour à Washington sont donc un moyen pour McCain de prendre la main sur le sujet sans y paraître forcé, mais en se montrant plus leader que suiveur. Reid dit maintenant que personne n'a besoin de McCain à Washington, et qu'un candidat ne fera que rajouter de la pagaille. La question est donc de savoir si McCain a réagi excessivement ou non. Comme dit encore Ambinder, les démocrates ont essayé de l'enfermer dans une boite, a-t-il réussi à s'en sortir, ou s'est-il lui-même verrouillé à l'intérieur ?

Quand je pense que beaucoup de commentateurs disaient que sans Hillary Clinton, la campagne serait ennuyeuse...

Mercredi 24 Septembre : Sur mon 31 !

anniv

C'est la fête. Hourrah.

A part ça, les actualités du jour sont dans le prolongement de celles d'hier. Obama et McCain se préparent pour le débat, les membres du Congrès se regardent en chiens de faïence en se demandant quelle est leur meilleure option.

La commission sur les activités bancaires et financières, présidée par l'ancien candidat démocrate à la présidence Chris Dodd, a entendu Paulson et Bernanke. Ils étaient venus défendre leur plan de relance consistant essentiellement à donner 700 milliards d'euros à Paulson pour qu'il en fasse ce qu'il veut, sans contrôle, pour racheter aux banques à un prix non déterminé leurs actifs pourris. Ils ont été accueillis fraîchement, par les démocrates comme par les républicains. Tous sont conscients qu'ils doivent agir vite, mais à un mois des élections (toute la chambre des représentants et 1/3 du Sénat sont à renouveler), ils veulent éviter de faire un choix qui reviendrait leur exploser au visage dans les semaines à venir. A gauche, certains se demandent si l'affolement de Paulson ne cache pas une situation très exagérée. Dans l'hypothèse plus que  probable où Paulson est remplacé en janvier, il pourrait tout naturellement retourner à Wall Street, lui laisser 700 milliards pour qu'il les distribue aux entreprises où il ira probablement chercher du travail paraît un conflit d'intérêt assez évident.

Concernant les débats, une vidéo intéressante du NY Times présente les opinions communément admises sur les candidats. En résumé, ils sont très différents. Obama essaye d'être complet au risque d'être long et alambiqué, McCain essaye d'être clair au risque d'être caricatural ; Obama risque de ne pas mettre assez d'émotion, McCain trop. Obama présente une certaine neutralité ; McCain alterne les piques fortes et efficaces et des exagérations ou des errements. En gros, on voit encore qu'Obama est un ancien professeur de droit et McCain un ancien pilote d'avion de chasse. Pour ce premier débat sur la politique internationale, McCain est sur le domaine où on l'attend dominant, ce qui n'est jamais très bon, donc il cherche à diminuer les attentes en présentant Obama comme le meilleur débatteur.

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Les enjeux sont importants. Si McCain fait une bourde là où il est censé donner une leçon au "jeune naïf" démocrate, ce sera très problématique pour lui, et il n'aura plus guère d'argument à présenter. Si par contre il réussit, non pas à convaincre que son argumentation est la plus correcte (ce n'est pas son but car c'est insuffisant), mais à ridiculiser et décrédibiliser Obama devant 60 à 100 millions d'Américains, cela pourra relancer réellement sa campagne. Les deux semaines avant le second débat seront alors à son avantage. De plus, le format de ce débat lui est bénéfique. Il s'agit d'un "town-hall", ou "hôtel-de-ville" : questions - réponses rapides avec le public, où il excelle par sa vivacité d'esprit et son humour. Il lui suffirait alors de tenir son rang dans le dernier discours pour rester au coude-à-coude jusqu'au 4 novembre. Plus probablement, chacun va dominer le débat qu'il est censé gagner, mais pas aussi nettement qu'on aurait pu l'attendre car Obama en politique étrangère et McCain sur l'économie ne vont pas rester sur la défensive ; ils vont attaquer fièrement et accuser l'autre camp d'être responsable de la situation, militaire ou économique.

Après ça, une question intéressante est : que peut espérer le "gagnant" d'un débat (j'ai horreur de ce terme) ? Une étude récente depuis 1988 montre que les gains sont "modérés" (d'après l'auteur), de l'ordre de 3 à 4 points d'écart  sur la période des débats (2 points pour un candidat, comme l'explique Nate). Je trouve ça relativement important : si deux candidats arrivent à égalité et ressortent avec 4 points d'écart, c'est une victoire assurée. Mais le nombre me paraît correct.

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Depuis plusieurs mois, John McCain ne descend pas vraiment en moyenne sous les 42 %, ni Obama sous les 45 %, et ils sont montés au mieux à environ 46 % et 48 % respectivement. Grossièrement, il y a donc à peu près 87 % des Américains qui sont décidés pour un des deux candidats, 7 % qui penchent d'un côté mais ne sont pas décidés, et 7 % qui sont réellement indécis ou comptent voter pour un autre candidat. Sur ces 14 %, on s'imagine plutôt que celui qui aura réussi les meilleurs débats prendra entre 7 et 9 %, pas plus à mon avis, ce qui laisse 5 à 7 % pour le "perdant". Donc un écart de 9-5 pour donner les 4 % d'écart me paraît même un maximum, hors auto-destruction totale d'un des deux candidats, ce qui n'est pas impossible. Donc pour résumer et mettre tout le monde d'accord (?) : les écarts créés par les débats sont rarement élevés, mais dans une élection serrée cela peut suffire à gagner.

Mardi 23 Septembre : Débattons dans les roues

Le calendrier électoral est désormais double. D'un côté, le calendrier prévu, c'est les la série des quatre débats : trois entre McCain et Obama, un entre Biden et Palin. De l'autre, c'est la crise économique, le plan de sauvetage de Paulson et le contre-plan de Dodd. Les deux calendriers vont se dérouler en parallèle, et se heurter ces prochains jours, voire semaines.

Le plan de Paulson, qui avait l'air de faire l'unanimité plus par l'urgence de faire quelque chose que pour ses qualités propres. En fait, on se rend compte que ce plan oppose les principes à la fois de la gauche et de la droite, donnant un pouvoir au-dessus des lois à Paulson pour injecter une somme phénoménale, sans contrôle légal, en opposition au libre-marché, pour aider les patrons mais pas les citoyens. Les démocrates s'opposent par principe à l'aide aux riches mais pas aux pauvres et au non-contrôle ; les républicains à l'intervention de l'état dans l'économie et aux dépenses élevées. Ainsi, dans le NY Times du jour, on peut lire deux éditorialistes présenter leur opposition au plan de Paulson, l'ultra-conservateur Bill Kristol (et pas Billy Crystal) et l'économiste démocrate, ancien soutien d'Hillary Clinton, Paul Krugman. Le texte serait peut-être passé s'il n'y avait pas eu le week-end, mais les deux jours de réflexion ont été utilisés par les politiciens et les économistes. Maintenant, tout le spectre politique se retourne petit à petit contre ce plan, ce qui ne veut pas dire qu'il ne sera pas adopté. La pression de la Maison Blanche est déjà intense, et beaucoup de politiciens, d'un côté comme de l'autre, vont surtout chercher à éviter d'être responsable de quoi que ce soit de nuisible, et vont prendre le moins de risque possible.

Ceci est aussi valable pour Obama et McCain, donc leur approche des débats est assez délicate. Le premier a lieu vendredi 26, il est centré sur la politique internationale et la sécurité. Le débat sur l'économie et la politique intérieure aura lieu le 15 octobre. Entre les deux, le débat des vice-présidents le 2 octobre et un débat sur un format dit "town-hall" le 7, où les candidats répondront à des questions du public, sans sujet imposé ou interdit. Le travail que les débats demandent est énorme. Les deux candidats ont besoin de réviser tous leurs dossiers, ils font des faux débats avec des politiciens jouant le rôle de leur opposant : Greg Craig jouera le rôle de McCain, Michael Steele celui d'Obama. Ceux-ci vont jouer un rôle d'acteur politique : ils vont chercher à connaître par coeur toutes les positions politiques, mais aussi les manières, les habitudes, les expressions des candidats qu'ils vont jouer. Ca pourrait donner ça :

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OBAMA vs. McCAIN

craig

Le premier débat devait être sur l'économie, Obama a voulu commencer par la politique internationale, histoire d'affronter immédiatement McCain sur ce qui est en théorie son domaine réservé. Il pensait que c'est en fait là qu'il pourra convaincre le plus les Américains. McCain a accepté, espérant en profiter pour retourner la course à son avantage. Le premier débat est traditionnellement le plus regardé, les deux candidats ont donc choisi l'affrontement au sommet. En même temps, cela leur permet de prendre un peu de temps pour mieux jauger du contexte politico-économique. Mais l'inconvénient est que les deux candidats se plongent dans les préparatifs, les répétitions et les dossiers internationaux, alors que le pays voudrait les entendre sur l'économie. Du coup, je me demande bien comment ce débat sera perçu. Une dernière info d'importance "majeure", peut-être assez révélatrice de l'âge des candidats : ce vendredi, pour se relaxer avant les débats, Obama ira jouer au basket, McCain fera une sieste...

Dans les prochains jours, j'essaierai d'évoquer plus précisément le format des débats, il y aura au moins trois formats différents sur les 4 débats, donc on discutera de tout ça.


Lundi 22 Septembre : Entracte

Le week-end a été un peu calme. Après les énormes problèmes boursiers de la semaine, on attend un peu de voir toutes les réactions sur ce que propose Paulson pour sauver le système bancaire américain. Les premières informations ne réjouissent pas tous les économistes. Obama prévient qu'il veut que la population, propriétaires en difficulté et contribuables, profitent des aides, et qu'elles ne doivent pas être réservées à Wall Street ; il est soutenu par les démocrates. Quant à McCain, il a eu une très mauvaise semaine, commençant par ses propos sur les fondamentaux forts de l'économie américaine, et finissant sur la "nouvelle" selon laquelle il possède 13 fois plus de voitures qu'Obama (13 contre 1). Il a proposé une sorte de solution alternative à celle de Paulson, mais dans l'ensemble les deux candidats restent plutôt en retrait, sachant qu'ils sont sur un terrain miné.

En attendant d'y voir un peu plus clair, je voudrais refaire un petit rappel pour ceux qui arriveraient ici pour la première fois. Ce site existant depuis le 14 juillet n'est pas un blog, je ne le mets à jour qu'une fois par jour, ou plutôt par nuit. Plutôt que de raconter ce qui se passe, j'essaye de l'expliquer, en mettant l'accent sur des points que d'autres abordent peu ou pas. Et si tout va bien, vous ne trouverez jamais ici la dernière vidéo, le dernier potin, le dernier mini-scandale, etc., dont on parle partout. J'essaye de ne parler que de ce qui aura pour moi une vraie importance : stratégie, organisation, préparation, tout le travail des salariés, des volontaires, des avocats, etc. Savez-vous par exemple que certains américains ont déjà commencé à voter ? J'essaye donc de parler à ceux pour qui savoir ce qui se passe ne suffit pas, mais voudraient le comprendre.

Pour ça, les menus vous amènent directement aux points les plus importants pour comprendre le contexte de l'élection : les candidats à gauche, et à droite le fonctionnement de l'élection et l'état de la course. Pour moi, le coeur du site, c'est la page sur la carte, dans le menu "les étapes". Pour bien la comprendre, le mieux est peut-être de commencer par la page sur le fonctionnement de l'élection présidentielle. Le but de ces pages est de bien donner le contexte du combat. Les règles donnent des principes, la carte présente le champ de bataille et les stratégies qui en découlent. L'autre partie importante, c'est la page sur les écarts, où je parle des sondages et comment les interpréter, considérant le nombre, leur incohérence et les règles particulières de l'élection américaine. Une fois vues ces pages, peut-être en conjonction avec les "bibliographies" des principaux acteurs de la course, vous êtes armés pour suivre ce qui se passe au quotidien, sur la page principale et dans les archives.

Je n'essaye pas forcément de toujours coller à l'actualité, donc ce qui est dans les archives n'est pas forcément trop vieux pour avoir un intérêt. Si vous avez un peu de temps, survolez-les, ça remettra en place le contexte où nous sommes. Et ce que j'écris est souvent la suite de ce que j'ai pu écrire quelques jours ou semaines plus tôt.  Ainsi, j'ai parlé hier des efforts d'organisation des campagnes pour enregistrer, motiver, convaincre et faire voter les gens. On peut trouver un article sur le même sujet ici, il est évidemment mieux écrit et mieux informé que le mien, mais le propos est le même. C'était la suite de choses que j'ai écrites le 15 et un peu le 20. J'écrirai aussi prochainement sur le revers de la médaille de tous ces efforts: les efforts pour empêcher les supporters adverses de voter. Ca a déjà été évoqué ici le vendredi 12, mais j'y reprendrai plus tard avec plus de détails.

Donc bienvenue à tous. J'espère que ce site vous plaira et surtout vous sera utile. La plus grande des réussites pour moi serait que les gens venant ici pour mieux comprendre le fonctionnement de l'élection en viennent en suivant mes sources principales à ne plus avoir besoin de mes explications. 

Et si ce site a l'heur de vous plaire, n'hésitez pas à la partager : donnez-en l'adresse à vous amis qui pourraient être intéressés, cliquez sur le bouton "SHARE" en haut de cette page, etc. J'espère avoir le plaisir de vous revoir très bientôt...

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