LA COURSE A LA MAISON BLANCHE

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John McCain

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35 Sénateurs

Comme les sénateurs français, leurs équivalents américains ont des mandats de 6 ans, avec des scrutins "tournants" : aux USA, 1/3 du Sénat est renouvelé tous les deux ans. Le Sénat ayant 100 sièges, ce sont 33 élections sénatoriales qui auront lieu le 4 novembre, le même jour que l'élection présidentielle. Suite à la mort de Craig Thomas (Wyoming) et à la démission de Trent Lott (Mississippi), deux autres élections spéciales auront lieu, pour un mandat de 4 ans seulement : les nouveaux sénateurs sont élus pour terminer le mandat de leur prédécesseur.

Historiquement, le Sénat est une institution contrôlée par les démocrates, mais depuis 1980 et l'arrivée au pouvoir de Reagan, le contrôle du Sénat varie d'un grand parti à l'autre. Les Républicains ont repris le contrôle du Sénat lors des élections de 2002, ils avaient alors une majorité de 51 sénateurs en 2002 et 55 en 2004. Les élections de 2006 ont vu le retour d'une majorité démocrate. Ils ont pourtant autant de sièges que les républicains, 49, mais deux indépendants font partie de leur "caucus", c'est-à-dire leur sont associés : Bernie Sanders, le socialiste du Vermont, qui ne risque pas de voter avec les républicains, et Joe Liebermann, dont je reparlerai plus loin.

Les démocrates contrôlent le Sénat, et sont favoris pour gagner d'autres sièges cet automne. Sur les 35 sièges remis en jeu, 23 sont républicains et 12 sont démocrates, et l'électorat paraît très remonté contre les républicains. On estime dans ces conditions qu'ils peuvent atteindre 55 à 60 sièges. Or, si 55 ou 56 sièges ne changent pas grand-chose, il y a une grande différence à obtenir 60 sénateurs : ce n'est qu'à partir de 41 sénateurs qu'un parti obtient un droit d'opposition plus important, le "filibuster", méthode permettant de retarder presque indéfiniment un vote. Avec 60 sénateurs, un parti se protège de ces méthodes, et a l'équivalent d'une majorité absolue.

5 nouveaux sièges paraissent déjà presque acquis aux démocrates (descriptions via electoral-vote).

•  En Alaska, le dinosaure Ted Stevens, le républicain ayant siégé le plus longtemps de l'histoire du Sénat, vient d'être inculpé pour plusieurs charges de corruption. Depuis, son adversaire, Mark Begich, le devance de 20 points dans les sondages. Depuis la nomination de Palin, il s'est rapproché de Begich, mais son procès est en cours. Selon la décision, il verra ses chances remonter ou totalement disparaître.

• Au Colorado, état devenu de plus en plus démocrate depuis plusieurs années, le sénateur républicain sortant a pris sa retraite. Le candidat démocrate, Mark Udall, a régulièrement plus d e10 % d'avance sur le républicain Bob Schaffer.

• Dans le New Hampshire, le très impopulaire sénateur sortant, John Sununu est devancé par sa challenger, Jeanne Shaheen, de 5 à 20 points selon les sondages.

• En Virginie, l'ex-gouverneur et très populaire Mark Warner devance le républicain Jim Gilmore d'environ 25%.

• Au Nouveau-Mexique, la situation est très proche de celle du Colorado, état frontalier. Un Sénateur républicain ne se représentant pas, cette fois pour des raisons médicales, un état traditionnellement républicain devenant de plus en plus démocrate, et un favori nommé Udall : Tom, le cousin de Mark, a également près de 25% d'avance sur son adversaire, Steve Pearce.

 51 sénateurs démocrates + 5 où ils sont favoris = 56 : il en manque 4 pour atteindre la barre des 60. Les candidats les plus probables :

• Au Mississippi, pour l'élection spéciale, dans un état qui a tendance à voter républicain nationalement mais démocrate localement. Les deux candidats, Musgrove (D) et Wicker (R), sont au coude-à-coude.

• Dans l'Oregon, le sortant républicain, Gordon Smith, essaye de sauver son siège en se présentant proche de... Barack Obama. Dans un état où tous les sondages le donnent en tête, les effets de suivi d'un scrutin à l'autre, c'est-à-dire les électeurs votant pour un sénateur démocrate parce qu'ils votent pour un président démocrate, pourraient changer la donne. Smith est encore le favori, mais il est passé progressivement de + 18 en février à - 2 en juillet.

• Dans le Minnesota, l'ex-comique Al Franken, ancien du Saturday Night Live, et auteur de Lies (And The Lying Liars who Tell Them), un ouvrage sur la droite américaine, a pris du retard sur le sortant, Norm Coleman, suite à des scandales de non-paiements d'impôts et d'articles écrits dans Playboy. Les sondages sont partagés : la plupart donne Coleman loin devant, alors que Rasmussen persiste à prédire une course très serrée, voire Franken en tête. Franken essaye de se rattraper, en particulier en rappelant les liens, en particulier financiers, unissant Coleman et Stevens, le sénateur Alaskan inculpé pour corruption. Si un état peut élire un comique, c'est bien le Minnesota, qui a déjà eu un comme gouverneur un ancien catcheur et acteur, Jesse "The Body" Ventura.

• Dans le Maine, Susan Collins a rompu sa promesse de ne pas se présenter une troisième fois, ce qui risque de lui poser des problèmes contre le démocrate Tom Allen.

• En Caroline du Nord, Kay Hagan profite fortement des efforts d'Obama ainsi qu' d'une campagne efficace pour passer devant Elizabeth Dole, la femme de Bob, candidat républicain malheureux de 1996.

Ces élections sont cruciales. Elles ont probablement autant d'importance, dans leur ensemble, que la présidentielle. Et s'il faut suivre quelques sondages, ceux des élections au Mississippi, en Oregon, au Minnesota et dans le Maine, suffisent à savoir ce qui pourrait se passer nationalement. Elles pourraient être très influencées par l'important avantage financier qu'ont les démocrates sur les républicains.

Une conséquence de l'importance de chaque siège au Sénat est le choix du vice-président. Si un sénateur est choisi, selon les lois de l'état concerné, son siège peut être perdu, ce qui est un pari que les deux candidats ne feront sûrement pas.

Enfin, Joe Libermann, démocrate de longue date et même candidat à la vice-présidence d'Al Gore en 2000, est en rupture de ban avec son parti. Ayant fortement soutenu la guerre en Irak, il a été battu lors des primaires démocrates de 2006, mais a gagné l'élection générale en se présentant comme Indépendant. Aujourd'hui, bien qu'il ait voté avec les démocrates sur tous les sujets non liés à la politique étrangère, il est beaucoup plus proche de McCain, son grand ami, qui aimerait bien pouvoir le choisir comme vice-président à son tour, mais ce qui rendrait le parti Républicain complètement fou. Par contre, il pourrait faire un discours à la Convention Nationale Républicaine, ce qui rend les Démocrates complètement fous. Les Démocrates menacent de le virer du parti. Le feront-ils si c'est le 60ème siège ? Casse-tête en perspective...

435 Représentants

La Chambre des Représentants a 435 sièges pour 435 districts américains, réélus tous les deux ans. Les démocrates y ont pris la majorité en 1955, les républicains l'ont récupéré de 1995 à 2006. Aujourd'hui, ils ont 233 sièges contre 202 aux républicains, et les analystes prévoient une augmentation de cet écart aux prochaines élections, même si le nombre de courses en parallèle rendent les prévisions assez difficiles. La plupart des sondages sont faits pour la présidentielle, nationalement ou dans chaque état, voire pour les Sénatoriales, beaucoup moins pour les élections des Représentants. L'écart financier entre les deux grands partis est énorme, encore plus que pour les élections sénatoriales.

Même en réduisant aux courses les plus serrées, on en aurait une bonne cinquantaine. Sur electoral-vote, 57 sont présentées en détails, mais toutes sont données par exemple sur CQPolitics, qui prévoit en ce moment entre 236 et 250 sièges pour les démocrates, dont 200 "tranquilles" contre seulement 140 aux républicains.

Les Républicains sont très loin d'être rassurés. En ce début d'année, 7 élections spéciales ont eu lieu, c'est-à-dire des élections dont le but était de remplacer un Représentant pour la fin d'un mandat et une réélection le 4 novembre. 3 étaient en des districts traditionnellement favorables aux démocrates, ils ont pris environ 80% des voix dans 2 des 3. 4 avaient par contre lieu dans des districts que les Républicains gagnent d'habitude : ils n'en ont conservé qu'un. Plus inquiétant pour eux, ces trois défaites étaient dans des districts très républicains, qui ont un PVI de R+5 à R+10 (c'est-à-dire où les républicains font des scores de 5 à 10% supérieurs à leur moyenne nationale lors des deux dernières élections présidentielles). Ils ont défendu ces districts en y injectant des millions de dollars. Et pourtant, ils ont perdu de 3 % dans un district R+7, 5 % dans un R+5, et dans le Mississippi, Travis Childers a réussi l'exploit de gagner de 8 points dans un district R+10 ! Ils ont donc fait, sur leur terrain, des scores de 10 à 20 % plus bas qu'habituellement. Après ces premiers renseignements, c'est la peur au ventre qu'ils s'avancent vers l'échéance de novembre.

Une petite histoire, pour montrer à quel point ce n'est pas l'année des Républicains. Dans l'état de New York, ils n'ont qu'un seul siège : le 13ème district (Staten Island), tenu par Vito Fossella. Un jour, il s'est fait arrêter après avoir grillé un feu rouge, en état d'ébriété. Il a déclaré qu'il allait voir sa fille. Après quelques enquêtes, il s'est avéré qu'il allait effectivement voire sa famille, sa compagne et sa fille. Ce qui ne serait pas un problème s'il n'avait pas déjà une autre famille, une femme et trois enfants. Les Démocrates se sont engouffrés dans l'ouverture, déclarant la course une priorité, et affirmant vouloir mettre deux millions de dollars pour récupérer le siège. Les Républicains ont réussi à forcer Fossella à annoncer qu'il ne se représenterait pas, puis, un peu plus tard, à trouver un homme d'affaires assez riche pour financer sa propre campagne, Franck Powers, Sr. Son fils, Franck Powers, Jr.,  a alors essayé de se présenter contre lui sous l'étiquette du Parti Libertarien, mais n'a pas réussi.  Les choses paraissaient alors mieux engagées... jusqu'à ce que Powers meure d'une crise cardiaque fin juin. Les inscriptions devant être complétées avant le 10 juillet, c'est quand même feu Franck Powers, Sr. qui a été nominé par son parti. Une semaine plus tard, ils ont quand même trouvé quelqu'un d'autre : Robert Straniere. Celui-ci est tellement apprécié que le politicien de son propre parti le plus influent du district a déclaré qu'il ferait tout pour le faire perdre, et l'a traité de menteur. Ce devrait donc bien être un mort sur le bulletin en novembre...

11 gouverneurs

Pour être honnête : les commentateurs politiques en parlent tellement peu que je ne sais pas vraiment quoi en dire...