LA COURSE A LA MAISON BLANCHE

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    Barack H. Obama

Candidate du parti démocrate

Comment un quasi-inconnu, métis, ayant Hussein comme deuxième prénom, peut-il être le favori pour devenir le prochain président des USA ?

En étant meilleur que ses concurrents, tout simplement.

Il dispose d'une combinaison rare : une intelligence évidente, un art oratoire enthousiasmant, une plume digne d'un écrivain, balancés par un instinct politique très marqué, acquis à Chicago, ville réputée pour la violence et la cruauté de sa vie politique.  Il est un des rares hommes qu'on a pu décrire comme étant sous-estimés en raison de son intelligence : les adversaires qui l'ont vu comme un idéaliste naïf sont nombreux à s'en mordre les doigts aujourd'hui. 

Ses atouts, comme ses faiblesses, sont évidentes. Certains l'ont décrit comme le candidat qui ne peut pas gagner du parti qui ne peut pas perdre. Il est probablement le politicien américain le plus accompli depuis Bill Clinton, le mieux à même de réparer les dégâts causés par l'actuel et extrêmement impopulaire président, mais il est l'objet de nombreuses attaques assez faciles. On l'accuse d'anti-américanisme, d'être lié à l'Islam, de ne pas avoir d'expérience... Si la moindre d'entre elles venait à le toucher durablement, cela pourrait lui faire perdre une élection qui lui paraît pourtant d'ores et déjà acquise.

Ses atouts

Qualités personnelles ; rejet absolu du président républicain par les américains ; faiblesse relative de l'adversaire principal ; soutien quasi total d'un parti remonté comme une pendule, de jeunes énergisés comme jamais, et de la quasi totalité de la population noire ; sentiment de l'histoire en train de s'écrire (ce qui mobilise la presse) ; sens d'invincibilité après sa victoire historique contre les Clinton ; guerre impopulaire en Irak contre laquelle il s'est positionné depuis longtemps, situation dramatique de l'économie...

Il a également bénéficié de pas mal de chance.  Prenons l'exemple de sa position par rapport aux activistes noirs. Contrairement à d'autres politiciens noirs, il n'a jamais été dans les Black Panthers ou à l'ACLU, l'association de défense des libertés civiles, ces mouvements qui ont permis à la population noire de gagner des droits, mais au prix d'un fort ressentiment de la part de beaucoup de blancs. La menace de Jesse Jackson de lui "couper les noix" lui a ainsi permis, sans rien faire, de faire comprendre à toute la population modérée qu'il ne chercherait pas à aider les noirs à prendre leurs revanche sur les blancs.

Tout semble devoir lui apporter non pas une victoire, mais un triomphe, ce qui reste possible aujourd'hui, Obama se plaçant régulièrement aux alentours de 4 à 6 % au-dessus de McCain dans les sondages, ce qui suffirait à lui assurer une large victoire au niveau des grands électeurs.

Ses faiblesses

Heuh... il est noir ?

Obama est surtout assez peu connu. Du moins, il est lui même très connu, mais depuis assez peu de temps, ce qui rend les attaques mensongères assez faciles. Il a pu être "accusé" d'être musulman, ou d'avoir prêté serment sur le Coran, de ne pas aimer son pays (parce qu'il ne porte pas de pin's représentant le drapeau américain !).

Sa jeunesse le rend par ailleurs vulnérable aux attaques sur son expérience en politique internationale, ce qui veut surtout dire militaire, surtout par rapport à McCain, alors que les USA sont en train de mener plusieurs guerres en même temps. Même si les américains sont probablement plus proches des positions d'Obama par rapport à ces conflits, beaucoup auraient plus de confiance en McCain à ce poste.

Obama représente une nouvelle génération, capable de parler aux jeunes de ses idoles du rap et du basket, mais il ne parvient pas toujours à faire passerson message auprès des plus âgés.

Son apprentissage politique dans la dure ville de Chicago l'a amené à rencontrer certaines personnes pas forcément très recommandables, ce que la droite cherche à utiliser par une argumentation de "culpabilité par association". Ainsi, William Ayers, ancien activiste - terroriste d'extrême gauche, qui avait déclaré ne pas regretter avoir posé des bombes dans les années 70, qu'Obama a rencontré à Chicago, par exemple pour le financement de ses campagnes. Tony Rezko, un homme d'affaires à la réputation plus que douteuse, a participé activement au financement de ses campagnes au niveau de l'état de l'Illinois.  Son procès pour fraude et corruption pendant les primaires aurait pu coulerla candidature d'Obama, mais aucune accusation sérieuse n'a pu être portée contre le sénateur. Il a admis avoir agi avec imprudence par rapport à certains actes, comme l'achat de sa maison par l'intermédiaire de Rezko, mais sans que cela ne joue vraiment contre lui. La fin de son procès marque probablement la fin de son utilisation importante par ses adversaires. Le troisième, qui a bien failli couler sa campagne, est le pasteur Jeremiah Wright.

Conseiller spirituel d'Obama pendant 20 ans, influence importante dans sa vie, c'est un homme au parcours extraordinaire, mais dont les opinions sur les USA, ses leaders, son racisme endémique, et surtout la manière extraordinaire de les exprimer, a créé une vague de panique en Amérique. Comment quelqu'un peut-il écouter un tel homme pendant 20 ans et être un vrai patriote ? Après deux polémiques très fortes en quelques semaines, le scandale s'est calmé, mais il ne serait pas surprenant, contrairement à Ayers et Rezko, que son nom revienne régulièrement dans la campagne.

Un autre problème d'Obama est lié à l'attitude des media par rapport à sa victoire attendue : tout sondage où son avance reste modérée tout positionnement trahissant le politicien accompli plutôt que le Messie que personne n'attend vraiment, tout ce qui laisse penser qu'il ne va peut-être pas vers une victoire absolue, entraîne l'expression de doutes, de questions, de remises en cause, etc. Pour reprendre Matt Yglesias, c'est absurde, mais pour les journaux, tout ce qui n'est pas une bonne nouvelle pour Obama est inquiétant, car le contexte lui est favorable. Comme s'il se devait de gagner de manière supérieure aux attentes pour être vraiment élu !

Enfin, son comportement paraît parfois gênant : nonchalant, élégant, confiant, il paraît souvent à la limite de l'arrogance. Si l'on ajoute son éducation "élitiste" (pour reprendre le mot préféré de certains républicains), il n'est pas le pote avec lequel boire un verre, comme l'a été Bush. Sa remarque sur les gens "amers" de Pennsylvanie, qui "s'accrochent à leurs armes" parce qu'ils se sentent méprisés, n'a pas fait passer cette impression. Déjà que certains le critiquent pour avoir demandé un jus d'orange à quelqu'un qui lui avait offert un café ! Son score de 37 au bowling a fait la une des journaux... Compétent mais pas proche des gens, on le critique comme on critique un énarque en France, en comptant ce qui devrait être un fort avantage comme un inconvénient.

Sa femme ne dissipe pas ces accusations d'arrogance. Provenant, contrairement à Obama, des noirs descendants des esclaves, elle donne à certains l'image d'une femme énervée, rendant crédible la rumeur selon laquelle une vidéo où on la voit insulter les blancs circulait chez les républicains, qui la sortiraient quelques semaines avant les élections.

Pour résumer, une partie importante de l'électorat américain n'est pas rassurée par Obama. Elle est prête à croire à toute exagération, toute accusation, si elle résonne assez bien avec ses craintes. Pour l'instant, on dit d'Obama qu'il est un candidat "Teflon", sur lequel tout glisse et rien n'accroche. Les attaques des républicains vont-elles changer ça ? Probablement pas, puisque sa modération et son pragmatisme devraient finalement appaiser les sceptiques, mais rien n'est encore acquis.