LA COURSE A LA MAISON BLANCHE

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Biden

    Joseph Robinette Biden, Jr.

Candidat démocrate à la vice-présidence des USA

Contrairement à Barack Obama, Biden ne trouvera personne pour lui dire qu'il manque d'expérience. A 65 ans et sénateur depuis près de 36 ans, il a passé plus de la moitié de sa vie dans les coulisses de Washington. Il s'est présenté à la présidence des USA en 1988 et en 2008. Sa candidature en 1988 s'est terminée prématurément, en partie en raison d'accusations de plagiarisme. Celle de 2008, marquée par de très nombreux débats télévisés entre les candidats, lui a permis de montrer toutes ses qualités, mais n'a jamais eu la moindre chance contre les favoris qu'étaient Edwards, Clinton et Obama.

En tant que candidat à la vice-présidence, il semble bien plus  à sa place. Ce n'est pas lui qui va collecter des millions de dollars ou enthousiasmer les foules, mais Obama peut faire ça très bien tout seul. Il pourra par contre atténuer les craintes de certains, qu'elles soient politiques de par son expérience et son assurance en politique étrangère, ou personnelles vu son CV plus typique de descendant d'immigrants irlandais. Tout le monde a compris qu'Obama voulait changer Washington, Biden sert à montrer qu'il ne veut pas tout révolutionner, simplement changer la manière dont les USA sont gouvernés en ce moment.

D'une famille modeste et lui-même le sénateur américain gagnant le moins d'argent, Biden permet aux démocrates de recadrer la course dans un contexte approprié à la crise économique actuelle : deux hommes qui se sont faits tous seuls, contre des républicains qui ne voient l'économie que du côté des grands patrons et des héritiers. L'élection étant placée sous le signe de l'économie, Obama était déjà le net favori , mais les craintes sur son inexpérience, s'ajoutant aux habituels clichés sur la faiblesse des démocrates en politique étrangère et sur la sécurité intérieure, le mettaient en difficulté. Biden connaît la politique étrangère, et de manière très inhabituelle pour un démocrate, n'a pas peur de confronter directement et brutalement les républicains sur le sujet, de manière souvent convaincante. Si sa présence réussit à rassurer les électeurs sur ce sujet, bloquant ainsi l'arme maîtresse des républicains, il ne resterait plus à ceux-ci que les prières...

Ses atouts

Biden apporte des forces réelles à Obama sur plusieurs points, essentiellement une histoire personnelle, une expérience reconnue et une personnalité à la fois attachante et agressive.

La vie de Joe Biden n'a pas toujours été facile. Après une jeunesse dans une famille modeste, il se présente et est élu au Sénat à 29 ans (dans le Delaware). L'âge minimal pour entrer au Sénat est de 30 ans, qu'il a entre son élection et sa prise de fonction.

Malheureusement, à peine élu, sa femme et sa fille meurent dans un accident de voiture qui blesse grièvement ses deux fils. C'est à l'hôpital, à leur chevet et no au Sénat qu'il fait sa déclaration sous serment officialisant son entrée au Sénat. Depuis 36 ans, il fait l'aller-retour en train chaque jour où le Sénat est en session pour passer plus de temps avec sa famille. Sa tragédie a aujourd'hui une véritable utilité politique, renforçant son côté "homme du peuple". Le fait qu'il soit blanc, né en Pennsylvanie, d'origine irlandaise, plus vieux qu'Obama, n'est évidemment pas étranger à sa sélection. Il représente l'Américain moyen, à la fois témoin et garant de Barack Obama, la "preuve" que la classe moyenne blanche peut lui faire confiance.

Cette confiance passe aussi par son expérience : il est un expert en politique étrangère, un des rares démocrates qui n'a pas peur d'attaquer les Républicains avec assurance et confiance sur un sujet où ils sont généralement favoris. Il prouve qu'Obama ne veut pas esquiver les sujets internationaux et n'a pas peur d'un vrai débat d'idées sur le sujet. A tort ou à raison, c'est probablement la plus grande crainte des Américains, ce "gringalet" peut-il les protéger ? Là ausssi, Biden doit rassurer. Mais la politique étrangère n'est pas son seul point fort. Dès sa première présentation publique, Obama a mis en avance deux lois qu'il a fait passer, le "Violence Against Women Act" aidant les femmes maltraitées, et une augmentant le nombre de policiers dans les rues, affirmant que cela avait entraîné un déclin du nombre de crimes aux USA. Les cibles sont claires : les femmes, en particulier celles qui soutenaient Hillary Clinton, et les modérés (et les gens plus agés) pour qui la sécurité est toujours un sujet important.

Enfin, Biden présente la particularité de pouvoir être verbalement très agressif envers ses adversaires tout en restant jovial et en gardant un air sympathique. Sa réplique sur Giuliani, dont les phrases ne comportent "qu'un nom, un verbe et 11 septembre", est restée légendaire. Le rôle de vice-président, pendant une campagne, est souvent considéré comme étant celui d'"attack dog", pouvant dire des choses qu'un candidat à la présidence ne peut pas se permettre de dire. Dans ce rôle, il paraît idéal. D'après certaines rumeurs, c'est le choix que les Républicains craignaientle plus, et il est le grand favori du débat entre les vice-présidents.

Ses faiblesses

Comme toujours, les faiblesses ne sont que le revers de la médaille des atouts. Ainsi, son expérience entraîne plusieurs problèmes. Le premier est évidemment que Joe Biden n'aurait jamias pu utiliser "Change we can can believe in" comme slogan, bien au contraire. Dans ce sens, il est la négation du message principal d'Obama. De plus, Obama justifie sa compétence en politique étrangère non pas par son expérience, mais par son jugement (la qualité plutôt que la quantité, en quelque sorte). Or, Biden a été pour la guerre en Irak, donc contre le "jugement" d'Obama, même si sa position est assez complexe, et qu'il est depuis plusieurs années un critique très vocal de la gestion du conflit par l'administration républicaine.

De plus, en 36 ans de décisions publiques, surtout quand on la langue bien pendue, on a le temps de faire et dire un sacré paquet de bêtises. Tous ses votes vont être épluchés pour voir s'il a voté pour ou contre tel loi sensible, même si c'était en 1975. De manière générale, ses votes en faveur des compagnies de cartes de crédit, dont plusieurs ont leur siège dans son état du Delaware, ne seront jamais très populaires. 

Ses commentaires, par exemple celui comme quoi on ne peut pas aller dans un centre commercial si on n'a pas un accent indien, ou surtout lorsqu'il a dit qu'Obama était "le premier candidat noir conventionnel, qui est clair et intelligent et propre et beau garçon" (le témoignage en forme d'absolution d'Obama lors d'un débat a néanmoins été un moment fort pour les deux hommes).

Sa campagne de 1988 a été marquée par une accusation de plagiat, apparemment très exagéree (il paraphrasait fréquemment un politicien anglais en le citant, mais une cassette d'un événement où il ne l'a pas fait a été diffusée par son opposant, Mike Dukakis). Mais cela a entraîné d'autres apparences d'exagération de CV ou de plagiat, plus tôt dans sa carrière. De manière générale, certains l'accusent encore aujourd'hui de parler beaucoup pour ne dire la totale vérité que parfois.

En amenant son expérience en politique étrangère, il donne de plus l'impression de confirmer qu'Obama n'en a pas. Ses attaques sur l'expérience d'Obama ont été marquées en 2007, et sont utilisées par les Républicains pour confirmer leur point de vue.

Enfin, de manière plus inconséquente, il est parfois moqué pour des implants capillaires qui étaient beaucoup plus visibles il y a quelques années. Néanmoins, vu l'état de l'économie et du "prestige américain" dans le monde, ça paraît assez ridicule, et des attaques sur le sujet pourraient se retourner contre ceux qui les portent...