LA COURSE A LA MAISON BLANCHE

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Dimanche 27 juillet : De l'intérêt de l'inutile

Les liens que vous trouvez sur la droite de la page d'accueil sont organisés en partie dans une certaine logique : en fonction de l'organisation du scrutin (La présidentielle), on peut comprendre comment se dessine la carte électorale (La carte), et en déduire comment utiliser correctement les sondages pour prédire les résultats des élections (Les écarts). Un des raisonnements les plus importants est le suivant : étant donné que l'élection est indirecte et se joue état par état, un sondage organisé dans tous les USA n'a aucun intérêt prédictif, alors que les sondages dans les états clés, les swing states, sont cruciaux.

Ces derniers jours, plusieurs sondages réalisés dans ces états importants, ont semblé montrer un resserrement des candidats, ou plutôt une remontée de McCain, par exemple au Colorado ou dans l'Ohio. Certains parlaient d'effets négatifs du voyage d'Obama, ayant laissé le domaine de l'économie à McCain. Pourtant, depuis quelques jours, il semble les sondages nationaux vont en sens opposé : Il n'a jamais eu autant d'écart avec McCain chez Gallup (les 3 derniers jours : +2, +7, +8, et même +9 aujourd'hui, 49% à 40%), et il est à +5/+6 chez Rasmussen contre +1/+2 la semaine dernière.

Alors dans ce contexte, que faire des sondages nationaux ? En fait, tout dépend de l'écart donné. Considérant la marge d'erreur, et même si les sondeurs ont tendance à sous-estimer leurs incertitudes, tout sondage national donnant jusqu'à 3 ou 4 points d'écart peut être ramené à un "environ match nul", c'est-à-dire un cas tellement serré que le candidat ayant le plus de voix n'est pas forcément le vainqueur, comme ça a été le cas en 2000. Mais le corollaire est le suivant : si on dépasse cette valeur, et qu'on parle d'écarts supérieurs à 5 points, voire dans la gamme 5-15% dans laquelle se trouve Obama en ce moment, alors c'est normalement une victoire assurée, et les sondages par état n'ont plus d'importance. On peut même presque envisager un raz-de-marée (landslide, ou glissement de terrain, en anglais), comme pour Reagan en 1980 et 1984 (+10 et +20% de voix que son adversaire, pour 44 et 49 états gagnés respectivement).

Cela ne signifie pas qu'il est théoriquement impossible de gagner l'élection avec 5% de voix de retard, mais qu'en pratique, avec un tel écart, tous les états clés, traditionnellement serrés, vont se retourner dans le même sens. On peut faire le parallèle avec les élections législatives françaises : le scrutin est indirect, par circonscription. Pourtant, si un parti a 6% d'avance sur un autre, on sait qu'il contrôlera l'Assemblée Nationale. D'après les calculs de Nate, au-delà de 4% d'écart, la victoire est assurée, et à +2 %, elle est déjà acquise à 90 %.

Donc avec les +5 à +9% d'Obama, voire +10 à +13 en comptant les candidatures de Barr et Nader, on peut envisager une victoire large, et surtout beaucoup moins de boulot à traiter les sondages des 51 états... et donc l'inutilité d'un site comme le mien.

Samedi 26 Juillet : Retour de vacances

Barack Obama termine sa tournée mondiale, après avoir rencontré chefs d'état et membres de l'opposition (sauf en France, parce que le mot "socialiste" est tabou en politique nationale américaine). Il rentrera pour voir McCain l'attaquer assez fortement, sur un peu tout et n'importe quoi. Je reste sur mon idée, que le but du voyage n'est pas immédiat mais différé, pour ne pas pouvoir être attaqué sur la politique étrangère, et il va lui-même dans ce sens (du moins je l'interprète comme ça) : quand il dit, je traduis : "Même si l'économie finit par être le sujet dominant de l'élection, quand les gens iront voter en Novembre, qu'ils aient au fond de leur esprit, okay, voilà à quoi ça ressemble, Obama discutant avec d'autres chefs d'état." Avec les développements en Irak, en Afghanistan et en Iran allant dans son sens, je suppose qu'il fermera toute discussion en rappelant que McCain s'est rapproché de lui, que Bush a agi comme il proposait, que le premier ministre irakien est d'accord avec ses idées, avant de retourner frapper sur les républicains sur le sujet de l'économie. En gros : "Je vous rappelle que j'ai gagné sur ce sujet, parlons d'autre chose".

Certains voient apparaître un début de remontée d'Obama dans les sondages suite à la première partie de son voyage, mais les commentateurs sont en général assez impatients ; ils ne laissent pas le temps à l'électorat d'absorber les informations, de digérer les images qu'il aura vues, d'en parler au travail ou en famille, etc. Il faut laisser du temps au temps, et ce sera plus clair dans quelques jours. 

Sur le sujet d'hier, un lien que je n'avais pas pu retrouver à cause d'un problème de connexion internet : The Mystery Pollster Mark Blumenthal qui explique en détails tout ce qu'il y a à savoir sur l'identification par parti, ou plus généralement sur les voteurs probables (apparemment, voteur est un vrai mot).

J'ai terminé le paragraphe sur les primaires démocrates, j'espère avoir le temps de faire les républicaines demain - c'est pas gagné.

Vendredi 25 juillet : Retour à Quinnipiac

Retour sur les sondages de Quinnipiac d'hier. 4 sondages du même sondeur ainsi que 2 autres sur des courses sénatoriales (Colorado et Minnesota) sont tous relativement favorables aux républicains. J'ai déjà parlé des gains de McCain hier. Quinnipiac donnait aussi aux deux candidats républicains au Sénat des scores assez supérieurs à ce qu'on leur attribue d'habitude. Plusieurs explications sont possibles : baisse réelle et régulière d'Obama, soit entraînant avec lui les autres démocrates, soit couplés avec des coïncidences ; pure coïncidence totale entre les six sondages ; malhonnêteté ou sondeur biaisé ; problème de méthodologie ; ... 

Certains sondeurs sont spécifiquement républicains ou démocrates. En général, on considère qu'ils ne sont pas malhonnêtes, mais qu'ils ne publieront que les sondages qui favorisent leurs candidats, ce qui est aussi une forme de mensonge, mais plutôt par omission. Un tel institut pourrait avoir fait 10 sondages et n'en publier les résultats que des 6 les avantageant. Mais Quinnipiac est un sondeur indépendant, donc cet argument ne tient pas. Obama et les autres démocrates peuvent donc être en train de descendre, ce qui dans ce cas se vérifiera dans les jours et semaines qui arrivent, ou un problème de méthodologie est responsable de ces bons scores. Il est à noter que la méthodologie n'a pas été publiée, donc il est impossible d'être certain, mais on peut citer une possibilité : l'identification par parti. Je vais tenter une explication, probablement simplifiée, mais elle devrait suffire à faire comprendre le problème (encore une fois, je synthétise des éléments vus sur mes sites de référence habituels : je ne revendique rien, sauf les éventuelles erreurs et la clarté ou non de mon texte).

Lorsque les sondeurs appellent par exemple un échantillon de 1000 personnes pour un sondage dans un état, ils font en sorte que leur échantillon soit représentatif de la population de l'état. Question à 1000 francs : que veut-dire exactement représentatif ? Dans ce cas, que l'échantillon a une composition proche de la population dans les  éléments qui sont le plus corrélés avec des choix de vote. C'est-à-dire que l'échantillon de 1000 individus et la population de l'état doivent avoir à peu près la même proportion de jeunes, de vieux, de noirs, d'hispaniques, de riches, de pauvres, d'hommes, de femmes, etc. Par contre, on ne va pas  vérifier la quantité de barbus ou de personnes de moins d'1m60. Le choix exact des catégories et des manières de les diviser font partie du savoir-faire du sondeur.

Aux USA, dans de nombreux états, les habitants peuvent être inscrits comme "appartenant" à un parti. Les électeurs sont alors eux-mêmes républicains, démocrates ou indépendants. Du coup, les sondeurs peuvent se poser la question : leur échantillon doit-il être représentatif en terme d'identification par parti ? D'après Nate, c'est le sujet le plus controversé du domaine. En effet, on peut d'un côté considérer que c'est l'élément qui va prédire le plus sûrement un vote, et que c'est donc indispensable. Par contre, on peut aussi estimer que ce paramètre est même tellement important sur le résultat que s'il est mal estimé, l'erreur systématique sera très élevée : on aura introduit un biais dans les résultats.

Le biais, c'est l'ennemi du sondeur. Il arrive si son échantillon n'est pas représentatif. Par exemple, une question qui se pose très régulièrement, c'est de savoir si le sondage ne crée pas un biais car les personnes qui vont y répondre sont plus à même de voter pour un candidat que celles qui n'y répondent pas. Ainsi, les personnes qui n'ont pas de téléphone fixe, pour toute autre catégorie identique (même âge, même sexe, même origine, ...), peuvent très bien voter relativement différemment de ceux qui n'ont qu'un portable, et que les sondeurs n'appellent généralement pas. Idem pour les gens qui prennent le temps de répondre.

Revenons à nos moutons. Utiliser l'identification par parti entraîne-t-il un biais ? Cela dépend de la "rigidité" de cet élément. En l'occurrence, il semblerait que ce soit assez flexible : les réponses peuvent varier selon le climat politique actuel. Ainsi, les républicains étant beaucoup moins populaires qu'il y a 4 ans, une personne  s'identifiant comme républicain à l'époque pourra maintenant très bien se présenter comme un indépendant, et un indépendant comme un démocrate (ou vice-versa, mais ce sera plus rare). Cela peut d'ailleurs parfois expliquer (en partie, son image de modéré est également réelle) le succès de McCain auprès des indépendants : beaucoup sont des anciens républicains, déçus du Bushisme, mais se sentant encore proche de McCain. De plus, suivant comment est posée la question, les réponses peuvent différer. Un homme traditionnellement républicain se sentant indépendant cette année pourra répondre l'un ou l'autre suivant la formulation, style "pour qui vous votez-vous habituellement ?" ou "de qui vous sentez-vous le plus proche maintenant ?"

Dans ces conditions, si le sondeur utilise ses tables d'il y a quatre ans pour connaître sa proportion de républicains, indépendants et démocrates, il se trompera probablement lourdement. Un sondeur sérieux devra récolter très proprement cette proportion. En effet, il y a beaucoup de chance qu'en tenant à ce critère, il "force" les résultats : ils seront probablement très cohérents entre eux, mais biaisés (voir la différence entre precision et accuracy : le premier est la capacité d'avoir des résultats reproductibles, le second que les résultats ne soient pas biaisés). La pertinence d'utiliser ce système est donc très débattue entre les sondeurs, et il n'existe pas de réponse définitive. On peut probablement conclure que dans ce cas, le résultat du sondeur sera juste aussi bon que sa capacité à bien déterminer les proportions "réelles" de républicains, démocrates et indépendants.

Donc voilà une possibilité : Quinnipiac utilise cette méthode pour la représentativité de son échantillon, et a surestimé par rapport aux autres sondeurs le nombre de républicains, créant des échantillons où ils sont surreprésentés, entraînant logiquementen retour un score trop élevé des républicains.

Quatre éléments pour modérer cette possibilité :

• Même si electoral-vote affirme que Quinnipiac donne des résultats un peu plus favorables aux républicains que les autres sondeurs, je n'ai pas vraiment trouvé de trace de biais dans leurs résultats nationaux et dans quelques états.

• Même si c'était vrai, ce ne serait que par rapport aux autres sondeurs - sans garantie qu'ils sont plus ou moins biaisés.

• Rappel : Quinnipiac ne donnant pas sa méthodologie, il est impossible de savoir si c'est vrai.

• En 2004, Quinnipiac n'utilisait pas cette méthodologie.

PS : les sondages du jour sont bien meilleurs que ceux d'hier : peut-êrte cela confirme-t-il cette idée ?

Jeudi 24 juillet : Quinnipiac rime avec Mac

L'institut de sondage Quinnipiac a sorti ses derniers sondages dans 4 états clés : Colorado, Minnesota, Wisconsin, Michigan. Dans les 4, McCain reprend du terrain à Obama, le dépassant même dans le Colorado (+2), et restant proche dans le Minnesota (-2) et le Michigan (-4). Il est encore à - 11 dans le Wisconsin. McCain est-il en train de rattraper Obama ?

Dans un sens, oui : sa victoire lors des primaires début juin avait boosté Obama dans les sondages. Son pic a été atteint aux environs de la seconde moitié de juin ; depuis, il redescend un peu, mais sans que ça ne change fondamentalement la carte électorale. Malgré quelques erreurs, McCain se focalise depuis une semaine sur l'économie, le sujet qui intéresse le plus les américains (et fait, semble-t-il, beaucoup de publicités TV et radio), pendant qu'Obama est en voyage à l'étranger, sous des projecteurs peut-être un peu trop braqués sur lui. Mais le but d'Obama n'est pas, à mon avis, de ramener le sujet sur la politique étrangère, qui ne l'avantage pas vraiment. Il cherche plutôt à combler une lacune dans son image auprès des américains, pour pouvoir se concentrer ensuite plus durablement sur l'économie, sujet qui par contre le favorise réellement, sans pouvoir être en retour être réellement attaqué sur la politique internationale.

De plus, les sondages ne sont pas si terribles pour Obama. Le seul où il perde la tête, de très peu, est au Colorado, état où se tiendra fin août la convention nationale démocrate.  La publicité qui sera faite y modifiera fortement l'équilibre dans l'état.

Pour finir, un autre résultat intéressant. Un autre sondage, national celui-là, réalisé par NBC et le Wall Street Journal, donne une avance de 6 points assez classique pour Obama : 47 % contre 41 %. Le résultat intéressant, c'est que si on propose aux sondés un choix avec d'autres candidats, Nader et Barr, le résultat devient 48 % Obama, 35 % McCain,  5% Nader, 2 % Barr : + 13 pour Obama !

Une manière de comprendre ce résultat, si je peux me permettre de reformuler l'argument de Nate, c'est que contrairement à Gore en 2000, Nader ne "vole" pas des voix à Obama, mais à McCain. Il semblerait qu'un nombre important de gens, probablement assez proches des démocrates, refusent de voter Obama, mais ils ne choisissent McCain que s'ils n'ont pas d'autre choix. Si on leur propose un autre candidat, plus proche d'eux, ils le choisissent. Nate a raison : ce que ça donnera en novembre, lorsque les petits candidats auront probablement diminué comme c'est souvent le cas, c'est la grande inconnue.

Mercredi 23 juillet : Court mais bref

Ce sera court ce soir. Je voudrais justre reprendre ce que je disais hier : deux sondages en Ohio, publiés deux jours consécutifs, montrent une différence de 14 points ! + 8 pour Obama un jour, -6 le lendemain. Considérant l'importance de l'Ohio et sa proximité (géographique et démographique) avec d'autres états importants comme l'Indiana, le Michigan et la Pennsylvanie, cela change beaucoup de choses.

Alors quelles différences entre les deux ? D'une part, le sondage qui favorisait Obama a été publié par un sondeur démocrate, donc on peut douter de sa fiabilité, mais pas de là à expliquer la différence. On peut évoquer des différences de méthodologie, mais aucune explication ne sera suffisante. Le voyage d'Obama à l'étranger est très présent dans la presse, et même s'il se passe très bien pour l'instant, il n'est pas dit que ce voyage quasi-présidentiel soit bien apprécié des américains. Les premiers sondages réalisés après son départ commencent à tomber ce soir, mais ils ne seront intéressants que lorsqu'ils seront assez nombreux pour montrer une direction claire.

Donc d'ici la fin de la semaine prochaine, le temps que le voyage soit fini, et commence à être assimilé, ce n'est probablement pas la peine de trop s'attacher à un sondage unique. Même s'il est vrai qu'après sa victoire aux primaires et un bond dans les sondages, les deux dernières semaines avaient montré une redescente relative d'Obama. Il sera donc très intéressant de voir l'effet que ce voyage apportera... mais pas tout de suite.

Mardi 22 juillet : God Bless This Website

Comme promis, une petite discussion sur l'aspect religieux de la campagne, ainsi que sur la thématique de l'avortement.

Hier, on a appris que le premier événement commun des deux candidats aurait lieu le 16 août dans une église, sous la "direction" du pasteur Rick Warren. Même s'ils ne seront pas ensemble mais l'un après l'autre, c'est pour l'instant le seul meeting du genre prévu avant les débats télévisés, ce qui prouve son importance pour les deux candidats. Je vais essayer de développer l'argument de Ben Smith.

Les deux candidats ont le même problème : faire un grand écart entre les électeurs modérés au centre et plus radicaux sur les extrêmes, essayer de gagner les uns sans perdre les autres. Pour McCain qui s'est souvent dans sa carrière placé au centre, il faut à tout prix rassurer les évangélistes et la droite morale, mais sans faire peur aux centristes. Pour Obama, qui, contrairement à beaucoup de démocrates, affiche ouvertement sa foi et sa chrétienté, il s'agit d'essayer de convaincre les croyants, surtout les jeunes, que les démocrates ne sont pas des ennemis de l'église. Son discours de 2006 sur le SIDA dans cette même église de Rick Warren avait été ovationné, chose rare pour un homme classé à gauche. Il est donc proche d'une position de démocrate chrétien centriste somme toute très courante dans nos pays. Pour les deux candidats néanmoins, il s'agit de ne pas faire de vagues. Trop s'approcher des évangélistes pourrait mettre en colère les plus libéraux pour Obama, ou faire perdre les centristes à McCain, surtout si le sujet de l'avortement est abordé.

Tous les 4 ans, le sujet de l'avortement est abordé. Le président n'a pas forcément un gros pouvoir direct sur le sujet, mais il nomme les Juges de la Cour Suprême s'il faut en remplacer (en cas de mort ou de retraite). Un président pourrait choisir des Juges en sachant qu'ils pourraient renforcer ou au contraire annuler la décision de 1973, dite Roe vs. Wade, qui autorise l'avortement aux USA. Rien de tel pour enflammer les "conservateurs sociaux" et les évangélistes d'un côté, les féministes de l'autre d'un côté, que de lancer un débat sur l'avortement.

Habituellement, le candidat qui sent que ce débat pourrait lui servir lance les grands chevaux, et attend que les fruits tombe. Ca a marché pour Bush, ça remarchera dans le futur. Or, cette année, silence radio. Du moins, pas d'artillerie lourde. Grande question : pourquoi ?

McCain est pour l'annulation de Roe vs. Wade, mais il n'en parle pas trop, il sait que cette position n'est pas populaire chez les modérés, et surtout les modérées, comme les ex-supportrices d'Hillary Clinton, déçues par Obama. Il critique certains flottements d'Obama sur le sujet, mais c'est à peu près tout. Il cherche donc à caresser la droite religieuse dans le sens du poil, mais sans aborder ce sujet. Il va à l'église, rencontre les évangélistes les plus importants, qui sont des changements d'habitude, surtout par rapport à l'élection de 2000, où les relations avec cette communauté se sont refroidies. Et ça marche. Entre ça et Obama, les pasteurs sont hésitants, mais finissent par se ranger dans leur camp habituel. Dernier exemple en date : James Dobson, pilier de cette communauté, dit qu'il va probablement voter pour McCain, alors qu'il avait juré  qu'il ne le ferait jamais de sa vie. Néanmoins, pour eux, le choix du candidat à la vice-présidence sera crucial : ils veulent quelqu'un de qui ils se sentent proches.

Obama sent qu'il peut, avec les religieux, faire une percée fondamentale dans l'électorat républicain, ce qui cimenterait sa victoire, ou l'assurerait contre un accident de parcours. Mais il doit faire attention à équilibrer ça avec des attentions pour ses électeurs anti-avortement, surtout la grande partie de femmes qui avaient voté pour Hillary (comme cette association féministe qui avait dit que le sénateur Kennedy était sexiste pour avoir soutenu Obama plutôt que Clinton). Parler de l'avortement leur conviendrait, mais d'une part lui réduirait à néant ses efforts sur la communauté évangélique, et d'autre part, mettrait à mal son message d'union, fondamental depuis qu'il est présent sur la scène politique nationale. Sa solution : aborder le sujet du féminisme par l'égalité homme - femme, en particulier dans le monde professionnel. Ce sujet, probablement tout aussi important, est par contre beaucoup plus consensuel, et donc moins dangereux.

J'espère que j'ai été clair. Sur le site, toutes les pages ont désormais une vraie vie. Les liens sont faits, j'aimerais pouvoir les commenter, mais je ne sais pas si j'aurai le temps. Le FAQ attend vos questions (par mail uniquement, j'ai pas non plus le temps d'installer quelque chose de plus sophistiqué), et la page sur les commentateurs est juste présente, le contenu est encore léger. Quant aux sondages, en particulier le dernier en Ohio qui dit le contraire de celui dont je parlais hier, je vais attendre d'en savoir un peu plus avant de donner des nouvelles.

Lundi 21 juillet : Pause sondage

Laissons de côté un jour ou deux le voyage d'Obama, les déclarations d'Al-Maliki, leur impact sur la course et même les propos de McCain sur la fameuse fontière entre l'Irak et l'Afghanistan.

Les chapitres sur l'élection générale et la carte expliquent ce que sont les états critiques et leur importance respective. En résumé : pour que les démocrates récupèrent la Maison Blanche, il faut qu'Obama gagne tous les états qu'avaient gagnés Kerry en 2004, plus soit l'Ohio, soit la Floride, soit une combinaison incluant par exemple l'Iowa et la Virginie, ou encore l'Iowa, le Colorado et le Nouveau-Mexique. Si McCain gagne un des états de Kerry (le New Hampshire en première ligne), Obama devra donc gagner un peu plus que ce minimum, par exemple Ohio + Iowa. La question du jour : où en sont les sondages les plus récents dans ces états critiques ? Voici les écarts approximatifs des sondages les plus récents, tels qu'on peut les voir par exemple sur pollster.

Etats Kerry de 2004 : Obama en tête partout

Ohio : Obama +8

Iowa : Obama +10

Colorado : Obama +4

Nouveau-Mexique : Obama env. +5 (sondages vieux de 1 mois)

Virginie : Egalité

Floride : Egalité

Obama est également en tête dans le Montana, et la course est très serrée dans le Nevada, l'Indiana, le Dakota du Nord et le Missouri. Dans ce cadre, le fait que McCain reste au contact dans le New Hampshire, à 3 points d'Obama, est très insuffisant. Même en tenant compte de la forte incertitude de la plupart de ces sondages et le fait que peu soient très récents, ils vont tous dans la même direction. Si l'élection était aujourd'hui, Obama serait probablement assez largement élu.

Demain, j'aimerais bien parler de l'approche des deux candidats sur le sujet de la religion. On verra si j'aurai le temps, et si l'actualité s'y prêtera.

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