LA COURSE A LA MAISON BLANCHE

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Dates

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Dimanche 5 Octobre : C'est la guerre !

J'ai remis à jour les écarts en un coup d'oeil. Pour résumer, Obama continue à progresser, mais pourrait être en train d'arriver petit à petit au sommet de sa progression, avec un écart sur McCain de 6 à 8 % et d'environ 140 grands électeurs. Personnellement, je peux me tromper mais j'ai tendance à penser que la méthodologie de nombreux sondeurs sur la pondération par âge et le non-appel des jeunes n'ayant qu'un téléphone portable ainsi que le progrès considérable de l'organisation démocrate coûtent environ deux points dans les sondages. En tout cas, je ne sais pas si on a déjà vu un candidat remonter autant d'écart en aussi peu de temps (en 1980, Reagan a créé un écart énorme juste avant l'élection, mais il faisait face à un président impopulaire, et ses prestations lors des débats ont rassuré beaucoup de monde. Ca fait penser à quelqu'un ?).

La guerre chez les républicains

Du coup, que peut faire McCain ? Apparemment, il a décidé d'attaquer beaucoup plus fortement. Sa décision de se retirer du Michigan amène à se demander si ses finances lui permettent de maintenir une attaque sérieuse pendant 30 jours, donc ça pourrait être intense. Le risque est évidemment que ce soit trop tard et que les opinions des électeurs soient déjà formées. Dans un premier temps, les Républicains vont se focaliser des gens qu'Obama connaît : le businessman véreux Tony Rezko, avec qui Obama a fait des affaires mineures, et surtout William Ayers, ancien terroriste d'extrême-gauche, qu'Obama a croisé au début de sa carrière politique à Chicago. Pour l'instant, pas un mot sur le polémique pasteur d'Obama, Jeremiah Wright

Bill AyersTony Rezko

Aujourd'hui, Palin a parlé d'Obama et son lien avec Ayers en disant "Ce n'est pas un  homme qui voit l'Amérique comme vous et moi". Ambinder, qui sait décrypter de genre de message, présente l'attaque comme une manière de présenter Obama comme un étranger. Autrement dit, l'équipe McCain essaye de faire passer un message raciste implicite, sous couvert d'une attaque sur le sujet du patriotisme et du terrorisme. Je pense que c'est pour ça qu'Ayers est préférable à Wright : celui-ci étant noir, le contexte raciste deviendrait plus explicite, donc plus critiquable. Le but, évidemment, est de faire ressurgir une peur liée à Obama, et de présenter de nouveau McCain comme le choix de la sécurité, position que la sélection de Palin et ses autres prises de risque hasardeuses avaient mis à mal. L'idée d'essayer de ne plus parler de l'économie est évidemment derrière la tête de nombreux Républicains, mais il aurait été mieux pour eux si certains ne l'avaient pas ouvertement admis.

La guerre chez les Démocrates

Si l'équipe Obama a beaucoup moins tendance à utiliser ce genre d'insinuations et la culpabilité par association, à part avec Bush & Cheney, elle est néanmoins très offensive, voire agressive, mais elle utilise des arguments plus directement politiques, en particulier sur la politique de santé de McCain. Ces arguments sont discutables et discutés, mais pas forcément faux. Si on regarde les cross-tabs du dernier sondage Research 2000 pour le Daily Kos, certes le plus favorable à Obama sur le marché (il est à +12 aujourd'hui), Obama mène dans toutes les catégories d'âge sauf les + de 60 ans, où McCain mène 45-43.  Les problèmes de santé sont critiques dans cette population. De plus, en mettant l'accent sur le fait que McCain a prévu d'augmenter certains impôts pour financer son plan, Obama peut empêcher McCain d'utiliser un des arguments historiquement les plus efficaces contre les démocrates, celui du parti des augmentations d'impôts. Si Obama a vraiment un avantage financier important, il pourra utiliser ce genre d'attaque, qui a l'air de marcher, jusqu'à écoeurement.

La guerre chez les avocats

Un article de CBS News refait le point sur certains des conflits légaux opposant les deux campagnes, pouvant décider du résultat des élections (si jamais la course se resserre, donc) ; certains ont déjà été évoqués sur ce site.

• Un procès en Pennsylvanie cherche à mettre en place des restrictions sur les vêtements portés par les électeurs dans les lieux de vote. Des Républicains cherchent ainsi à limiter l'influence et le nombre de jeunes électeurs enthousiastes mais pas forcément disciplinés, sous couvert d'empêcher le prosélytisme ou l'intimidation.

• Dans le Michigan, un membre du parti Républicain local avait envisagé la possibilité d'utiliser les listes d'individus dépossédés de leur maison pour les empêcher de voter en raison d'adresse communiquée non exacte. La campagne Obama a déposé une motion pour empêcher ce type de méthodes, pour des raisons morales comme légales : quelqu'un de dépossédé peut toujours habiter à la même adresse, donc une déposséssion ne prouve rien.

• En Virginie, il a fallu des efforts importants pour infirmer les affirmations de certains élus selon lesquels les étudiants, s'ils s'inscrivaient sur les listes sur leur lieu d'étude, pouvaient modifier le statut fiscal de leurs parents.

• Dans la grande majorité des états, la plupart des prisonniers perd temporairement ses droits civils, mais les auteurs des délits mineurs peuvent encore voter. Certaines organisations, en particulier démocrates, se chargent donc d'aider les prisonniers ou ex-prisonniers à se réinscrire ou à voter. C'est particulièrement important cette année considérant que les prisonniers noirs sont surreprésentés, et c'est très difficile en raison d'une opposition que les avocats des groupes défendant les droits civiques combattent régulièrement.

Tout ça rappelle les stratégies "classiques" des grands partis : les démocrates essayent d'enregistrer des électeurs à tour de bras, au "risque" de multiplier les fraudes, alors que les républicains essayent de supprimer les électeurs frauduleux des listes, quitte à supprimer aussi "par accident" ceux inscrits régulièrement. D'ailleurs, Obama est en ce moment "sur la sellette" dans certains médias de droite pour son ancienne collaboration avec le groupe ACORN, qui utilise des anciens prisonniers et les aide à se réinsérer en inscrivant des électeurs sur les listes électorales, et a été accusé, parfois à raison, de ne pas toujours respecter les lois.

Bref, ça risque de saigner encore un peu. Encore un mois à tenir, qui sera bien long pour tous ceux qui pensaient qu'une élection entre ces braves gens que sont Obama et McCain allait forcément être remplie de courtoisie et de respect...

Samedi 4 Octobre : Sur un sol fragile

Plusieurs "nouvelles du jour" aujourd'hui.

• La première, c'est d'abord les retours sur le débat de la veille. Rien de très différent des premiers avis que j'ai décrit hier : personne n'a commis d'erreur grossière, Biden a gagné, et Palin s'est montrée assez fragile sur ses réponses.

• La seconde, c'est le vote du texte "Paulson", dont c'est au moins la version 3.0, à la Chambre des Représentants. Le Congrès a voté il y a deux jours, et Bush a déjà signé le texte. Celui-ci est passé de 3 pages à 102 puis aujourd'hui à 451. Le remplissage d'éléments plus ou moins utiles a permis de donner à certains des raisons de changer d'avis, à d'autres des excuses. La bonne nouvelle pour les Républicains, c'est qu'ils peuvent espérer qu'on parle un peu moins d'économie, sujet qui coule littéralement McCain dans les sondages.

• La troisième, c'est que oublier la crise économico-financière risque d'être difficile : Arnold Schwarzenegger a affirmé que l'état de Californie risquait de manquer de fonds pour ses besoins quotidiens et donc avoir besoin également d'argent et malgré le vote du texte, le Dow Jones a chuté après les nouvelles que les USA ont perdu 159,000 emplois. La situation est toujours très fragile, et l'évolution de la création d'emplois ces 11 derniers mois selon le NY Times est d'ailleurs effrayante :

Jobs

• La quatrième, c'est l'information que McCain arrête de faire campagne dans le Michigan, signe que sa situation est également très fragile. McCain, de toute évidence, va perdre la plupart des états gagnés par Kerry, ainsi que l'Iowa et le Nouveau-Mexique. Pour empêcher une victoire certaine d'Obama, il avait besoin de gagner les états démocrates les plus accessibles : New Hampshire, Wisconsin, Minnesota, Pennsylvanie et surtout Michigan. L'absence de primaire démocrate dans l'état, les tensions raciales (Detroit est la ville la plus noire des USA, son maire noir, Kwame Kilpatrick, vient d'être mis en examen pour de nombreux délits) faisaient apparaître l'état comme le plus à même de passer Républicain. Ainsi, ce blog le décrivait comme le plus décisif avec la Pennsylvanie il y a moins de 15 jours.

Même si McCain annonce redéployer ses troupes dans d'autres états (Wisconsin, Ohio, Floride), cela montre une certaine faiblesse, cela entraîne des polémiques internes, Palin critiquant par exemple cette décision, et gêne beaucoup le Parti Républicain local, qui ne peut plus compter sur les finances du parti national et de la campagne McCain pour l'aider à mener ses propres campagnes. De plus, cela permet aussi à Obama d'y passer moins de temps et à se consacrer à d'autres états. D'une certaine manière, McCain reconnaît qu'il ne peut presque plus que jouer la défense, et essayer de simplement garder la quasi totalités es états gagnés par Bush.

Ainsi, chez RealClearPolitics, les états gagnés par Kerry où McCain est le mieux placé sont le Wisconsin et le Minnesota où il a 5 points de retard, suivis par le New Hampshire à 5,6, le Michigan à 7 et la Pennsylvanie à 7,9. Pour comparaison, dans les états gagnés par Bush en 2004, Obama mène aujourd'hui dans 8 états et a moins que 5 points de retard dans deux autres, le Missouri et l'Indiana, où Bush avait gagné de 21 points en 2004.

On peut aussi argumenter que l'avance d'Obama est d'une certaine manière très fragile, trop importante pour tenir longtemps. D'ailleurs, même l'équipe d'Obama part sur cette hypothèse.

Mais à force de voir toutes ces choses fragiles partout, on risque bien de voir quelque chose casser très bientôt...

G

Vendredi 3 octobre : Moins bien que mieux vs. Mieux que pire

Regarder un débat est déjà assez difficile, surtout à cette heure, essayer de déduire ce que peuvent en penser des millions de spectateurs américains est proprement impossible. C'est évident pour moi, mais c'est aussi vrai pour les commentateurs américains, qui ont généralement été surpris qu'Obama soit considéré le vainqueur du premier débat par les électeurs.

Du point de vue du simple tête-à-tête, Biden aura été nettement supérieur (ayant été plus concret, plus direct, et Palin ayant tourné autour de beaucoup de questions), mais ce n'est peut-être pas suffisant. Beaucoup décrivent la politique en général et les débats en particulier comme "a game of expectations", grossièrement "un jeu d'attentes" : l'important est moins d'être bon que de faire mieux que ce qu'on attendait de vous. Si c'est vrai, alors Palin a réussi son débat : on attendait tellement peu d'elle que sa prestation, sans être extraordinaire, suffit largement à surprendre ou rassurer. Biden, par contre, aura été bon, mais peut-être pas aussi bon qu'on aurait pu le penser pour celui qui était souvent décrit comme le meilleur débatteur des primaires démocrates.

Résultat final ? On ne sait pas. Dans un premier temps, les deux partis vont affirmer avoir gagné, et il faudra un jour ou deux pour être sûr desavoir comment le débat aura été perçu par les électeurs, le point le plus important, et celui que personne ne contrôle ni ne connaît vraiment.

Certains sondeurs ou médias utilisent des groupes regardant le débat et réagissant en direct à ce que disent les débatteurs. D'après Nate, regardant le débat avec un oeil sur les mesures de CNN, affirmait au moins au début du débat que Biden était largement préféré. Il réitère cet argument à la fin, estimant que Biden va probablement dominer largement les sondages post-débat, et Ambinder dit que les indépendants ont l'air de pencher pour Biden dans le panel de CBS.

Le contexte du débat des VP est que d'habitude, il n'a aucune conséquence sur la suite des élections, mais que cette année pouvait être différente en raison du risque de Palin de sembler incompétente, ou moins probablement de Biden de faire une énorme gaffe, surtout en essayant de provoquer Palin. Clairement, rien de tout ça n'est arrivé, il est donc probable que la décision de qui a gagné n'ait en fait aucune influence sur le reste de l'élection.

A noter : si vous voyez des sondages sur "qui a gagné", la seule catégorie à regarder est les électeurs indépendants. La population dans son ensemble étant en ce moment favorable aux Démocrates, elle est plus encline à croire et faire confiance à Biden qu'à Palin. D'un autre côté, la passion de toute une droite conservatrice envers Palin fait que je ne serais pas surpris que l'audience du débat soit plus à droite que l'électorat global. Donc ce que pense l'ensemble des spectateurs est moins important que de savoir si certains indépendants soient plus tentés de voter pour un des candidats en raison du débat.

G

Jeudi 2 octobre : Après la pluie, l'orage

(Avant toute chose, désolé pour ne rien avoir écrit hier, j'ai eu un problème de non-connexion wifi auquel je ne m'attendais pas.)

Décidément, tout va de mal en pis pour McCain. 

• La crise économique, sujet favorisant les Démocrates et défavorisant le parti au pouvoir, continue de faire les gros titres en raison du vote "Non" des Représentants lundi, en particulier à cause des Républicains que McCain se vantait d'avoir convaincu de voter "Oui". Le texte, de nouveau modifié, sera voté au Sénat ce soir, et devrait être revoté et accepté à la Chambre avant la fin de la semaine.

• Les sondages montrent un écart s'accroissant. Obama gagne du terrain tous les jours, comme on peut le voir sur la page Les écarts en un coup d'oeil remise à jour. 

• Malgré le retard de McCain dans les sondages, on se rend compte que ça risque de s'empirer encore. Dans les derniers parus aujourd'hui par CNN/Time et Quinnipiac, Obama a des avances importantes dans des états clés :

CNN /Time : Floride +8 ; Minnesota +12 ; Missouri +1 ; Nevada +5 ; Virginie +10

Quinnipiac : Floride +8 ; Ohio +8 ; Pennsylvanie +15

Deux choses à noter : le sondage dans le Missouri est le seul où Obama ne dépasse pas les 50 %, alors que ces états sont en général des états considérés favorables à McCain, Bush les ayant tous gagnés sauf le Minnesota et la Pennsylvanie. Les écarts finaux en 2004 étaient d'ailleurs les suivants (Kerry - Bush) :

FL -5 ; MN +3,5 ; MO -7,2 ; NV -2,6 ; VA - 8,2 ; OH -2,1 ; PA +2,5

La différence entre ces sondages d'Obama et les scores de Kerry dans ces états clés varie donc entre 8 et 18 points...

Par ailleurs, les chiffres de CNN/Time en tête-à-tête sont déjà mauvais, ceux quand on inclut les "petits" candidats Nader et Barr sont horribles (listés ici). Un sondage où on ne propose que 2 candidats pourrait donc sous-estimer le score d'Obama d'1 point ou 2.

Pour être clair : je pense que ce sont les pires chiffres que j'ai vus cette année pour McCain.

• Si la plupart des sondages quotidiens (Gallup, Rasmussen, Kos/Research 2000, Diageo Hotline) donnaient ces derniers jours environ +6 nationalement à Obama, un "résistait à l'envahisseur" : GWU / Battleground, donnant couramment +2 à McCain. Bonne nouvelle pour McCain ? Pas vraiment : ils ont changé le 29/09 leur méthodologie, et Obama est passé de -2 à +2.

• Le problème de méthodologie, dont avait parlé Nate il y a quelques jours, concernait la pondération par âge de leur échantillon : pour résumer, ils n'avaient pas assez de jeunes, qui supportent largement Obama. Or, ils ne seraient pas les seuls :

Youth vote

Les deux colonnes, sont deux manières de découper l'électorat le plus jeune, soit dans une catégorie 18-29 ans, soit 18-34. Ca ne change rien à la suite. Le haut donne la proportion des jeunes dans l'électorat en 2004, le bas cette proportions dans les échantillons des sondeurs en 2008, ceux inscrits (registered) puis ceux ne s'abstenant probablement pas (likely voters). Alors qu'à peu près tout le monde estime que les efforts importants d'Obama pour inscrire des jeunes électeurs devraient augmenter considérablement cette proportion, les sondeurs utilisent globalement un chiffre plus faible qu'en 2004 pour les "voteurs probables" (sauf Kos, qui donne +10 à Obama aujourd'hui) ! Pourtant, lors des primaires démocrates, cette proportion avait augmenté de plus de 50 %.

De plus, les jeunes sont, de plus en plus souvent, joignables uniquement par portable. Les sondeurs qui n'appellent pas les portables compensent le manque en appelant plus de jeunes sur des lignes fixes. Or, l'étude récente de Pew montrait que les jeunes  joignables sur leur fixe et ceux n'ayant qu'un portable ont tendance à ne pas voter de la même manière, ce qui, au lieu de corriger en faveur des démocrates, corrigerait en faveur des Républicains !

C'est tout pour ce soir. Si tout se passe bien, la nuit prochaine, je regarde le débat Biden - Palin, dont je n'ai pas voulu parler ce soir, je l'ai assez fait ces derniers jours. Pour résumer, une phrase que j'ai entendue je ne sais plus où, "les attentes envers Palin sont si faibles que si elle arrive à placer un sujet et un verbe dans la moitié de ses phrases ce sera considéré une victoire pour elle".

Je ne vais quand même pas louper ça...

G

Mardi 30 Septembre : La loi et le désordre

L'accord sur le plan de relance économique aura tenu moins de 24 heures. Il a chuté à sa première haie, le vote à la Chambre des Représentants, 228 votes à 205. Comme prévu, ce sont surtout les Républicains qui ont posé problème. Sur 435 membres de la chambre, les Républicains ont voté 133 contre et 65 pour, les démocrates 140 pour et 95 contre. Or, avec le Dow Jones chutant de 7 % et de plus de 700 points (le record historique), on va chercher des responsables pour les montrer du doigt. Les Républicains, incluant McCain, ont tout de suite accusé la chef des Démocrates de la Chambre, Nancy Pelosi, d'avoir fait un discours trop "partisan". Ce ne devrait pas très bien marcher, vu que ça a l'air un peu puéril. 

Nelson

Les Représentants Républicains avaient traîné des pieds la semaine dernière, ont proposé un second plan infaisable à la dernière minute, et ont voté majoritairement contre, ce sont donc les premiers sur la liste. Les résultats semblent montrer que ce sont en majorité les Représentants ayant une élection difficile à venir qui ont voté contre, prévoyant une opposition populaire à ce plan et se mettant ainsi du côté du plan. Or, cette opposition est loin d'être garantie pour l'instant, surtout vu la réaction de la bourse. Ceux ayant voté contre pourraient passer pour des traîtres plutôt que pour des héros.

• Ensuite, McCain avait passé son week-end à dire que l'accord finalisé dimanche avait pu être obtenu grâce à lui et à ses efforts lors de la suspension de sa campagne, on va donc se demander ce qu'il a fait exactement ce week-end. Enfin, Bush n'a plus aucune crédibilité dans le parti Républicain, il porte donc une partie de la responsabilité.

• Certains chercheront aussi à montrer les Démocrates du doigt, puisqu'ayant la majorité, ils auraient pu se passer de l'aide des Républicains. Obama, contrairement à McCain, est resté en retrait. Il est difficile de dire si ça a été favorable ou non.

Que va-t-il se passer maintenant ? Les Démocrates pourraient utiliser leur avantage temporaire pour dire aux Républicains "OK, donc on va faire sans vous", écrire un texte beaucoup plus à leur convenance, et prévenir Bush et les modérés que s'ils ne veulent pas encore plus à gauche, ils feraient mieux de ne pas s'opposer au texte. Auront-ils l'envie, et surtout la force politique, c'est-à-dire assez de soutien dans leur propre parti, pour faire ça ? Probablement, mais si leur plan ne marche pas, ils seront alors jugés seuls responsables. En tout cas, Obama semble penser qu'un plan sera rapidement voté, malgré quelques "tribulations".

Des lois, encore et toujours

Quand certains essayent d'écrire, d'autres les font appliquer. Et le rôle des juges et des avocats sera de nouveau primordial en 2008. Il suffit de repenser au scandale en Floride en 2000 pour savoir le rôle que peut jouer la justice dans une élection présidentielle. On peut commencer par une adecdote : l'élection a bien failli se jouer la semaine dernière. 

Le candidat libertarien Bob Barr a cherché à enlever Obama et McCain du bulletin du Texas, en argumentant qu'ils n'avaient pas rempli les papiers dans les temps. Plus précisément, ils ont été remplis alors que les candidats n'étaient pas officiellement investis, et Palin pas encore choisie. Barr a été débouté. En théorie, s'il avait gagné, ça aurait signifié 34 grands électeurs de moins pour McCain, et donc Obama président. En pratique, cela aurait signifié un autre procès remontant aux différentes cours, jusqu'à, s'il le faut, contester la validité de cette loi devant la Cour Suprême des USA.

SCOTUS

Ce n'est pas le seul procès ayant déjà eu lieu sur cette élection. Dans l'Ohio, la loi qui permet aux électeurs de s'inscrire et de voter en avance le même jour, pendant une fenêtre d'une semaine, était contestée par les Républicains. Elle était jugée politiquement plus favorable à Obama, en particulier pour inscrire et faire voter des milliers d'étudiants. Elle a été maintenue hier. En conséquence, la campagne d'Obama organise des événements pour attirer les électeurs, appelés "Vote early, Rock late", où les électeurs inscrits sont invités et transportés à un concert gratuit. Et ce procès n'est même pas le seul en cours dans l'Ohio. Un autre oppose des Républicains au Gouverneur démocrate de l'état, qui a annulé des milliers de demandes pour voter par courrier, en raison d'une case non cochée, case inutile mais placée par les Républicains (il fallait cocher "J'ai le droit de voter", ça ne sert à rien, mais en ne le faisant pas, les gens reconnaissaient ne pas avoir ce droit...).

En fait, j'en ai déjà parlé avec quelques détails il y a 15 jours, plusieurs problèmes se posent déjà un peu partout (par exemple au Michigan), entraînant des déplacement de trooupeaux d'avocats dans tous les USA. Par rapport aux années précédentes, il semblerait que les avocats soient mis à contribution assez tôt, pour éviter les requêtes en catastrophe le jour ou la veille de l'élection.

La référence sur le sujet est probablement le Pr. Richard Hasen et son Election Law Blog. Beaucoup trop de détails même pour moi, mais s'il y a des histoires légales pas très claires qui surfacent, ce sera l'endroit où aller se renseigner.

G

Lundi 29 Septembre : VP - 3

Le week-end a été assez calme après le débat. Les nouvelles du soir, c'est surtout l'accord obtenu sur le plan de relance économique. Il doit être voté demain à la Chambre des Représentants, c'est le vrai test. Si les Républicains l'acceptent, il sera voté par le Sénat dans quelques jours sans scandale, ce qui va donc permettre de se concentrer sur le prochain vrai événement de la campagne : le débat entre Palin et Biden, ce mercredi.

Pour dire vite, Biden est complètement oublié. Palin, quant à elle, si elle avait enthousiasmé la population dans l'immédiat, c'était surtout un énorme risque. Et comme tout risque, ça a plus de chance de rater que de marcher. Dans ce cas, je l'ai dit le jour où le choix a été connu : "McCain a perdu l'élection", aussi bien pour les conséquences de ce choix, certaines présentées ici, que pour ce que ça impliquait des chances que McCain se donnait à lui-même s'il ne tentait pas de tout chambouler. Dans un premier temps, si les journalistes étaient très sceptiques, l'enthousiasme était évident. Et maintenant, à peu près un mois après ce choix, où en est-on ?

J'ai parlé samedi des dernières réactions au choix de Palin. En résumé : c'est pas bon. Elle a ainsi vu certains de ses supporters finir par admettre qu'elle était grossièrement incompétente et même demander qu'elle se retire. Cette demande est partagée par Fareed Zakaria de Newsweek, qui commence son article par "Quelqu'un pourrait-il abréger les souffrances de Sarah Palin ?"

 Voici deux éléments pour bien comprendre comment l'Amérique voit de plus en plus Palin :

1- les courbes de popularité

kos_palin

Le chiffre est simplement (% d'opinions favorables) - (% d'opinions favorables) sur le sondage de Research 2000 pour Daily Kos. Cette courbe est la suite de celle que j'ai déjà présenté le 18/09. Depuis le début de ce sondage le 11 septembre, Obama est passé de +16 à +27 (+11), Biden de +21 à +17 (-4), McCain de +11 à +1 (-10), et Palin de +17 à -10 (-27). La baisse de McCain n'est pas terrible, celle de Palin est catastrophique. On peut trouver d'autres chiffres très différents (la formulation de la question, dépendant du sondeur, peut varier beaucoup plus qu'un simple "pour qui allez-vous voter ?"), mais la tendance est terrible.

2- L'image

Depuis deux semaines, l'émission culte Saturday Night Live a fait sa rentrée. Par deux fois, elle a commencé par l'intervention de la comédienne Tina Fey dans le rôle de Palin. C'est très réussi, ça fait beaucoup de bruit, et c'est très caustique. J'espère que vous comprenez l'anglais.

La première partie de l'interview originale est ici, et c'est pas beaucoup mieux. Certains (ne donnant pas de source), disent que les Républicains la préparant pour le débat sont désespérés, que c'était un "désastre", et qu'ils se demandent "Qu'est-ce qu'on va faire ?" Si c'est un bluff, une feinte pour laisser apparaître une super Palin au débat, surprenant et impressionnant tout le monde, ça aura été vraiment très fort...

Maintenant, est-ce que McCain a vraiment besoin de Palin pour gagner ? Citons, comme souvent, Nate : "Obama a l'avance la plus large qu'il ait eu de toute l'année. Mais il y a beaucoup moins de temps restant que lors des précédentes périodes de force d'Obama, comme en Février, à la mi-Juin, ou juste après la Convention Démocrate".

Pour juger de son avance, une adresse (mise à jour) : Les écarts en un coup d'oeil, où l'on voit que Obama est pour tout le monde loin devant, et qu'il progresses de jour en jour, avant même de réellement prendre en compte les résultats du premier débat, que les électeurs ont plutôt vu pour Obama. Ca aussi j'en ai déjà parlé samedi, donc je radote un peu, je sais. Je rajoute quand même qu'une telle avance, alors que les gens ont commencé à voter en Virginie et vont pouvoir le faire à partir de mardi en Ohio, est très importante : même si McCain arrive à revenir sur Obama, les votes effectués en ce moment favoriseront largement Obama.

Demain, promis, si l'actualité le permet, je reprends un peu de recul et je reviens sur la bataille des tranchées, en me penchant cette fois sur le travail des avocats.

G

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