LA COURSE A LA MAISON BLANCHE

Les concurrents

Barack Obama

Joe Biden

John McCain

Sarah Palin

Bob Barr

Ralph Nader

Hillary Clinton

Bush & Co.


Les commentateurs

Dates

20/10-04/11

06/10-19/10

29/09-05/10

22/09-28/09

15/09-21/09

08/09-14/09

01/09-07/09

25/08-31/08

08/08-24/08

28/07-07/08

21/07-27/07

14/07-20/07

    Les archives

Dimanche 7 Septembre : De l'important et du superflu

Une des choses que je cherche à faire sur ce site est de séparer les éléments importants, c'est-à-dire pouvant réellement influencer le résultat de l'élection, de ceux plus triviaux qui font parler quelques jours et ne servent qu'à nourrir la blogosphère professionnelle, même s'ils peuvent avoir un intérêt pour ce qu'ils montrent, parce qu'ils sont amusants, etc. Je vais aujourd'hui prendre un exemple de chaque cas.

Côté important, l'enregistrement de nouveaux électeurs. On sait que les démocrates ont des meilleurs résultats dans plusieurs catégories : les jeunes, les noirs, les latinos essentiellement. Une manière de gagner, qu'avait réalisée George W. Bush à la perfection en 2004, c'est d'identifier, dans les états clés, les électeurs non-inscrits, les inscrire sur les listes électorales, et les motiver à aller réellement voter. Cette même année, même si c'était passé inaperçu dans la défaite, Kerry avait pu considérablement augmenter la participation des moins de 30 ans, preuve que les efforts ne sont pas perdus.

Pour les démocrates 2008, il est facile de trouver des zones où habitent beaucoup de jeunes (les villes autour des campus universitaires, et de préférence les campus eux-mêmes), de latinos ou de noirs (essentiellement les banlieues). Les volontaires y font le porte à porte, prennent les noms, demandent les intentions de vote, les adresses, les numéros de téléphone, inscrivent les gens sur les listes, etc. Les deux mois qui arrivent, les électeurs indécis recevront une ou plusieurs visites de jeunes du quartier leur présentant les positions d'Obama sur les problèmes les intéressant le plus (fiscalité, avortement, guerre en Irak, ...), du courrier personnalisé et plusieurs coups de téléphone, jusqu'à ce que la personne se dise convaincue. Le jour du vote, de nombreux volontaires font le tour des quartiers composés des populations les plus favorables, et aident les électeurs à aller voter. Nate avait calculé qu'en augmentant la participation dans ces catégories, Obama pouvait s'assurer la victoire et, dans le meilleur des cas, redessiner complètement la carte à son avantage.

Les Républicains font évidemment la même chose, mais jusqu'à maintenant, on considère qu'Obama a un avantage considérable sur tous les paramètres de cette équation : l'argent disponible, le nombre de volontaires, l'organisation. Le choix de Palin a pu changer la donne, en remotivant à la fois républicains et démocrates (même si j'ai des doutes sur les chiffres donnés, j'y reviendrai peut-être un autre jour), on verra ça quand on aura plus d'informations.

Donc sur le sujet des inscriptions, des nouvelles sur le font de la Virginie, un des quelques états qui pourraient vraiment faire basculer l'élection (avec le Colorado, l'Ohio et la Floride). Sur une population d'environ 5,5 millions d'adultes en âge de voter, et avec une abstention de 40 % environ en 2004, Bush avait reçu 1,716,959 voix contre 1,454,742 pour Kerry, soit un avantage d'environ 260,000 voix. L'équipe Obama avait un objectif : 150,000 nouveaux inscrits en Virginie, en plus des 142,000 déjà inscrits lors des primaires. Sur le seul mois d'août, ils en ont enregistré 49,000, arrivant à 110,500 (28,000 en juin, 36,500 en juillet). Les inscriptions seront terminées début octobre.

Si l'on imagine 50,000 nouvelles inscriptions en septembre, on obtient 160,000 nouveaux électeurs, donc environ 300,000 depuis le début de l'année. L'équipe Obama estime, dans cette population, 75 % de participation au vote, et une répartition 80% Obama - 20% McCain. Si ces chiffres sont corrects, on obtient 135,000 voix supplémentaires pour Obama, soit plus de la moitié du retard de Kerry. Ce n'est pas encore suffisant, mais dans un contexte actuel beaucoup plus propice aux démocrates, avec un tel effort répété dans tous les états clés, avec des résultats qui ne sont peut-être pas pris en compte correctement par les instituts de sondage, imagine mal Obama faire moins bien que Kerry... et très facilement faire beaucoup mieux. Sur l'ensemble des états qui inscrivent les électeurs par parti, depuis 2004, les démocrates sont 2,000,000 de plus, les républicains 300,000 de moins.

Passons maintenant au superflu du jour : le fond vert derrière John McCain lors de son discours. La première partie de l'histoire remonte à début juin, John McCain avait fait un discours tristement célèbre sur un fond vert que tout le monde avait trouvé immonde.

Mccain_green1

Le fond vert avait donc été laissé au placard... jusqu'à son discours d'investiture, et à la surprise générale.

mccain_green2

Mais on s'est ensuite rendu compte que si on ne voyait que le fond vert à la télévision, il faisait en fait partie d'une image plus grande, représentant un bâtiment :

mccain_green3

Il s'est ensuite avéré que ce bâtiment est la Walter Reed Middle School, à North Hollywood, ce qui a amené beaucoup à penser qu'il y avait eu confusion avec le Walter Reed Army Medical Center, à Washington, qui traite les blessés de guerre, ce qui aurait été une image appropriée à son passé de prisonnier de guerre et son image de soutien d'anciens militaires. 

Les responsables ont évidemment nié toute erreur technique, affirmant que cette école publique faisait partie du décor américain derrière le candidat. Pour en rajouter une couche dans la bizarrerie, certains se sont rendu compte que cette même école avait servi de fond au discours où le candidat Matt Santos avait annoncé son intention de se présenter à la présidence américaine... dans la série The West Wing (A la Maison Blanche) ! Quand on sait que Santos, démocrate latino, a été partiellement inspiré par Obama, on se dit que le monde est petit...

Santos

Maintenant, une question facile : devinez laquelle de ces deux informations est la plus traitée par les grands médias américains ?

Samedi 6 Septembre : Rove vs. Rove

Toutes les pièces de la campagne sont maintenant en place, et le prochain événement est le premier débat dans 20 jours. Ca laisse un peu de temps aux deux campagnes pour s'adapter à l'arrivée de Palin dans la course, qui oblige à reformuler un peu les messages.

Les démocrates vont-ils l'ignorer, l'attaquer, laisser faire la presse ? Peuvent-ils attaquer son inexpérience ? Vont-ils la critiquer sur ses positions très conservatrices, ses rapports à la religion ? Vu la stratégie d'Obama sur le rapprochement avec certains mouvements religieux, c'est délicat. Il est fort probable qu'un message cohérent et constant ne pourra être dessiné que lorsqu'ils auront bien compris en quoi elle influence les électeurs. L'équipe d'Obama, Plouffe en tête, va lire les détails des sondages, faire des analyses croisées pendant quelques jours et quelques nuits, puis David Axelrod, le responsable de la campagne, pourra adapter le message habituel au mieux, afin de prendre en compte la nouvelle situation.

Les Républicains vont-ils pouvoir sérieusement continuer à parler d'Obama comme un homme inexpérimenté, une célébrité n'offrant aucune substance, aucun contenu, et en même temps vanter les discours de Palin sans se rendre compte qu'elle est l'incarnation de cette caricature ? Un petit exemple du ridicule qui pourrait les attendre, via Jon Stewart :

La presse est remontée : les républicains accusent les journalistes de s'en prendre à elle injustement, et laissent entendre qu'elle n'est pas prête d'accorder une vraie interview. Le troopergate, dont les résultats de l'enquête étaient attendus pour le 31 octobre (l'élection étant le 4 novembre), est ralenti par les républicains et accéléré par les démocrates : les résultats sont maintenant annoncés pour début octobre.

Dernier scandale potentiel pour Palin : le National Enquirer, qui a récemment sorti le scoop de l'infidélité de John Edwards, a apparemment la même de prévue pour Palin, qui aurait, j'insiste sur les conditionnels, eu une liaison avec un ancien partenaire en affaires de son mari. Les républicains menacent de poursuivre l'Enquirer. Aujourd'hui, via Sullivan, cette merveille : un ancien partenaire en affaires de Todd Palin, Scott Richters, vient de demander que le dossier de son divorce soit classé confidentiel, ce qui a été refusé. Coïncidence étrange ? En tout cas, je n'arrive pas à aller sur le site de l'Enquirer.  A suivre. Je n'ai pas de doutes qu'on en saura plus demain, encore plus dimanche, ad vitam aeternam, voire ad nauseam.

Si vous l'appréciez, n'hésitez pas à partager ce site en cliquant sur le bouton "Share" en haut de cette page.

Vendredi 5 Septembre : Une nouveauté !

Non, je n'ai toujours pas fait la page sur Sarah Palin, mais j'ai décidé de faire une page où je résume les chiffres (sondages, bookmakers, etc.) de manière à ce qu'on voit la course en un clin d'oeil. Ca sera mis à jour de temps en temps, quand les choses le nécessitent, probablement de plus en plus régulièrement au fur et à mesure qu'on s'approche de l'élection. Promis, la page sur Palin ce week-end, avec une semaine de retard.

Cette nuit, discours de McCain (qui a attendu la fin du match d'ouverture de la saison de football américain). Les réactions sont assez mitigées (ou ici pour une vision plus partisane), et tout le monde a l'air d'accord pour dire que le responsable de la mise en scène n'est pas très bon. McCain parlait devant un fond vert (buis bleu) qui ne passait pas très bien, il y a eu quelques erreurs techniques, de lecture, etc. Comme il a décidé de parler aux modérés et aux Américains en général, la réaction dans la salle n'a pas été aussi enthousiaste que pour d'autres speakers.

Pendant ce temps, Obama était sur Fox, chez Bill O'Reilly, donc en terrain adverse. On ne va pas beaucoup en parler après le speech de McCain, mais il a profité de ce discours pour avoir une grosse audience chez les gens qui le connaissent probablement le moins. Tactiquement, c'est malin et nécessaire, mais je n'ai pas de retour sur l'impression qu'il a pu donner.

Jeudi 4 Septembre : Sarah contre les journalistes

Ca y est, c'est fait, John McCain et Sarah Palin ont été désignés par les délégués. Donc je suppose que je vais pouvoir enfin faire la page sur Sarah. A part ça, suite de la convention républicaine. Message principal : les médias sont méchants.

A part ça, je suis assez surpris par l'ensemble des réactions au discours de Sarah Palin cette nuit. Elle a été très bonne, très efficace, certes. Mais où était la difficulté ? Elle n' pas écrit son discours, qu'elle a eu plusieurs jours pour préparer et répéter (voir ça par exemple, c'est très drôle et assez parlant). Depuis qu'elle a été nommée, elle n'a accordé aucune interview, vu aucun journaliste. On commence à dire que Biden ne pourra pas la "dominer" dans le débat, comme on le pensait. Mais un débat n'est pas un discours ! Je pense que les premières interviews TV, que ce soit 60 Minutes, Meet The Press ou quelque chose du genre, où elle aura à répondre à des vraies questions, incluant sur la politique étrangère, seront beaucoup plus parlantes. De plus, si les républicains continuent à critiquer les journalistes, je ne suis pas sûr que ça les incite à être magnanimes avec elles. Voyez cet article par exemple.

Dans l'ensemble, je trouve les discours des Républicains assez étranges : un discours anti-élitisme du riche Mitt Romney, l'ancien maire de New York Rudy Giulani attaquant Obama pour son côté "cosmopolite", et un peu tous pour critiquer les medias pour leur traitement de la famille Palin en général, tout en l'utilisant de manière évidente. De plus, critiquer autant les médias tout en attaquant, voire moquant Obama aussi directement, je ne suis pas sûr que ça donne une bonne image du parti.

Mercredi 3 Septembre : Sarah, nuit et jour

Je voulais profiter de ce soir pour finir la page sur Sarah Palin, mais je crois que je n'ai pas la force de la refaire régulièrement en fonction des nouvelles rumeurs ou des nouveaux scandales qui tombent. Je commence à fatiguer. Je n'ai même pas la force de remettre à jour la liste d'hier, donc consultez-la, ça n'a pas changé outre-mesure depuis hier. On a juste appris que Palin n'avait peut-être jamais été officiellement membre de l'Alaska Independance Party, mais son mari Todd, si. Ah, si Michelle Obama avait été dans un parti dont un des buts est la sécession (et dont un des responsables a dit qu'ils devaient infiltrer les deux grands partis)... En attendant c'est all Sarah, all the time. La convention républicaine est loin d'être au premier rang des priorités. J'avais dit (enfin, repris) que dans les caractéristiques d'un vice-président, il y avait "ni embarrasser, ni être meilleur" que le candidat. Là c'est nickel : on a presque oublié McCain, sauf pour se demander ce qui lui est passé par la tête.

En plus, sur Intrade, on donne près de 15 % de chances que Palin se retire avant d'être nommée officiellement candidate à la vice-présidence des Etats-Unis. Même à 15 %, ce qui me paraît à peu près correct, je prends pas le risque de devoir refaire une page sur un autre VP dans trois jours. Je vais donc attendre que ça se calme un peu, et qu'on ait fait le tour du plus gros.

Sinon, les chiffres sont là : Obama est à +8 (50 %) chez Gallup, +6 (51 %) chez Rasmussen, ce qui est beaucoup considérant que RR fait de l'identification par parti (considère que le nombre de démocrates, républicains et d'indépendants est une donnée d'entrée du sondage, pas un résultat). De plus, +6 chez ARG, +7 chez USAToday/Gallup, +8 chez CBS... Même avec le +2 de CNN (avec 4 candidats, +1 avec les deux principaux), ça montre bien que Obama a bien profité de sa convention réussie. Profite-t-il aussi du choix de Palin ? Dur à dire. Ces derniers sondages sont les premiers faits après le choix de Palin, donc il faudra surtout attendre la semaine prochaine pour commencer à voir les premiers vrais sondages post-conventions, post-VP, mais je suis pas sûr qu'ils soient très favorables à McCain. Après ça, direction les débats, où beaucoup va se jouer et même, pour une fois, lors du débat entre VP.

Et en attendant, si ce que j'écris vous intéresse, n'hésitez pas à appuyer sur le bouton "share" en haut, ou à me contacter.

Mardi 2 Septembre : Vetting Sarah

Sarah Palin va-t-elle couler McCain à cause de scandales en tout genre ? Avant de présenter les arguments, un peu d'histoire.

Lors de l'élection de 1972, George McGovern, candidat démocrate à la présidence, décide de sélectionner en dernière minute Thomas Eagleton comme candidat à la vice-présidence, pour s'attaquer à Nixon et Spiro Agnew. S'attendant à une défaite des démocrates, la plupart des ténors du parti avait refusé le poste. Eagleton n'a pas pu subir un "vetting process" correct, c'est-à-dire que son passé n'a pas pu être épluché pour voir si des éléments risquaient d'amener des scandales ou le ridicule : condamnations, histoire médicale, etc. En l'occurrence, dans la précipitation, Eagleton a "oublié" de parler de ses soins psychiatriques (aux électrochocs, s'il vous plaît). Après quelque temps à le soutenir officiellement, McGovern a été obligé de changer sa sélection, remplaçant Eagleton par Sargent Shriver. Les faibles chances de McGovern se sont évaporées, et Nixon a gagné dans un fauteuil. Les candidats suivants avaient retenu la leçon : un vice-président devait être "vetté".

En 1984, Fritz Mondale, dont j'ai parlé hier, lui aussi faisant face à un président sortant très populaire, Reagan, choisit Geraldine Ferraro come VP. Elle a été vettée dans les détails, a passé l'examen, jusqu'à ce que des scandales financiers rattrapent... son mari. Résultat : comme prévu, Reagan dans un second fauteuil.

Depuis, le vetting process est une affaire d'avocats, qui se passent des milliers de pages de dossiers médicaux, fiscaux, sur tous les membres de la famille proche. Le but est évidemment de prévenir les attaques. Les candidats à la présidence ont rarement de tels problèmes, les scandales étant en général sortis par les adversaires des primaires. Normalement, tous les squelettes cachés sont connus à la fin de la primaire. Ainsi, Obama a vu ses liens plus ou moins proches avec le businessman véreux Tony Rezko, l'ancien terroriste William Ayers et surtout son ancien) pasteur Jeremiah Wright mis en lumière. John McCain a subi, lui, une primaire particulièrement violente en 2000 contre Bush, qui a tourné par moments à la calomnie.

Pour Joe Biden, candidat en 1988 et 2008, les accusations de plagiats, entre autres, en particulier sont connues depuis 20 ans. L'équipe d'Obama a fait son choix en connaissance de cause. Il est supposé qu'un VP doit avoir dit au candidat tout ce qui pourrait se retourner contre eux, sinon sa propre carrière est morte. Le but principal est d'éviter toute distraction à une campagne, toute période où ils passeraient leur temps à se défendre d'un scandale plutôt qu'à présenter leur programme, leur message ou attaquer l'autre candidat.

Où on en vient à la question du jour : Sarah Palin a-t-elle été proprement vettée ? De toute évidence, le choix a été fait très rapidement, alors que McCain ne l'avait rencontré qu'une fois.  Après quelques premières interrogations, des premiers éléments sont apparus : personne n'est allé fouiller les archives des journaux locaux (Internet n'étant évidemment pas suffisant). Et après deux premiers jours globalement très positifs (si ce n'est pour les évidentes accusations qu'elle manque d'expérience et n'a été choisie que parce qu'elle est une femme), les ennuis ont commencé à tomber. Les internautes de gauche ont cherché dans tous les coins, et les accusations ont commencé à sortir, pas toujours vraies, pas toujours intéressantes. Aujourd'hui, on est à la limite : même si rien n'est impossible à résoudre en soi, Sarah Palin pourrait devenir une distraction majeure pour McCain. Ambinder fait le tour de ce qu'il savait ou pas, mais résumons les scandales possibles (Attention : je ne garantis pas du tout de leur véracité, ça va trop vite pour ça, je cherche juste à montrer que ça vole de tous les côtés. Par ailleurs, je ne pourrai pas les faire tous) :

Troopergate : Elle aurait utilisé son pouvoir de gouverneur pour résoudre une affaire personnelle, en renvoyant l'homme qui ne voulait renvoyer son beau-frère, et en cherchant à couvrir l'affaire (Pour bien faire, elle l'a remplacé par un gars précédemment accusé de harcèlement sexuel). Une enquête est en cours. Je connais cette histoire depuis des mois, donc McCain aussi, mais il est à noter que  les résultats de l'enquête doivent être rendus 4 jours avant l'élection !

Renvois : En plus de cette incident, elle aurait renvoyé l'historien de la ville, le staff du musée, le chef de la police, et même essayé avec à peu près toute l'administration de la ville. Elle aurait même failli perdre la mairie de Wasilla à cause d'une histoire du genre.

Positions : elle n'est pas l'indépendante qu'on pourrait croire, mais elle est beaucoup plus à droite que l'Amérique, entre autres sur l'avortement, le créationnisme, le réchauffement de la planète, et l'éducation sexuelle (on va y revenir).

Ted Stevens & Bridge to Nowhere : l'équipe McCain a vanté Palin comme la femme qui s'est attaqué aux politiciens véreux de l'Alaska et s'est opposé au financement excessif d'un pont inutile et célèbre. Il semblerait maintenant qu'elle ait fortement soutenu Stevens et le pont.

Bébés en pagaille : Elle a été acclamée par la droite pour agir selon ses principes : apprenant qu'à 44 ans, elle était enceinte d'un enfant trisomique, elle n'a pas avortée. Mais un bloggeur de gauche voit des incohérences dans les photos, le calendrier, et des imprudences dans la conduite de Palin. Il conclut fermement : c'est la fille ainée de Palin, Bristol, 17 ans, qui a accouché du petit Trig en mai, et sa mère la protège. Alors que l'histoire commençait à prendre de l'ampleur, l'équipe McCain coupe court, en affirmant que Bristol est enceinte de 5 mois (et n'a donc pas pu accoucher de Trig), et va se marier avec le père. Une histoire médiatique car collant bien avec ses vues sur l'éducation sexuelle des ados (abstinence uniquement).

Les amis : Ses anciennes alliances, réelles ou imaginées, avec Buchanan (considéré antisémite, donc plaçant McCain en difficulté avec les juifs) et le parti prônant l'indépendance de l'Alaska, font se poser des questions.

Conclusion fréquente : l'équipe McCain n'a pas fait de recherches sérieuses, et le choix de McCain n'est pas sérieux (tapez "unserious choice" sur Google, pour voir ce qui arrive). Et la distraction est au coin du bois (comme si Gustav ne suffisait pas). D'ailleurs, McCain envoie en Alaska des avocats faire le travail qui aurait dû être fait avant !

Avec cette vue partielle (je vous jure, il y en a d'autres dans les cartons), ne vous étonnez pas si je n'écris pas encore la page sur Sarah d'une part, et si les journalistes se jettent sur elle comme des animaux, et attendez-vous à d'autres histoires pendant quelques temps. La règle première d'un VP est "Do Not Harm", "Ne pas faire de mal". C'est pas dit que ça marche.

D'un autre côté, Palin n'a pas que des inconvénients : elle a permis à McCain de récupérer en août beaucoup plus d'argent que d'habitude, 47 millions. Mais  là aussi, c'est un signe. Les candidats ont plusieurs semaines pour donner leurs chiffres, Obama fait ça vers le 20 en général. Le faire le premier jour, c'est mettre en avant les avantages de Palin... parce qu'il y en a besoin !

Lundi 1er septembre : L'âge du capitaine

En 1984, Ronald Reagan se représentait à l'âge de 74 ans. En réponse à une question sur le sujet lors d'un débat, il a dit "Je promets de ne pas faire de l'âge un des enjeux de cette campagne. Je n'utiliserai pas [...] l'âge et l'inexpérience de mon adversaire contre lui". Ce qui a fait rire l'adversaire, Fritz Mondale, 56 ans et ancien vice-président de Jimmy Carter, et a d'une certaine manière arrêté les discussions sur le sujet.

Sénateur récemment élu de 47 ans, Obama est évidemment plus jeune et inexpérimenté que Mondale, et McCain, à 72 ans, est plus jeune que Reagan en 1984, cette question pourrait donc être encore moins un problème pour lui que pour Reagan. Mais en 1984, Reagan n'avait pas encore eu de sérieux problèmes de santé, il avait même récupéré de la tentative d'assassinat de 1981, et il ne pouvait servir que 4 ans de plus. McCain, lui, pourrait être le plus vieux président élu pour un premier mandat et servir jusqu'à 80 ans passés, ce qui a entraîné beaucoup de questions. Ainsi, des sondages montraient régulièrement que l'âge avancé d'un candidat était plus un problème pour les électeurs que leur couleur ou leur sexe (je me méfie quand même de ce genre de sondage, très politiquement correct. Les sondés répondent-ils vraiment ce qu'ils pensent, ou ce qu'ils pensent être la "bonne réponse" ?).

McCain a un dossier médical très chargé, en raison notamment des tortures reçues au Vietnam et de problèmes de mélanome. Son dossier médical de plus de 1000 pages a été présenté rapidement à des journalistes triés sur le volet au mois de mai, présentant apparemment un homme en bonne santé. Depuis, surtout en raison d'une campagne menée avec une énergie visible, le sujet s'était un peu tari. Les démocrates, activistes ou politiciens, essayaient quand même de relancer le sujet, en parlant de "moments d'égarement", avaient laissé entendre que certaines bourdes étaient liés à son âge, et affirmaient non pas qu'il ne savait pas combien de maisons il avait, ou qu'il ne pouvait pas les compter, mais qu'il avait oublié. En gros, ça allait être un de ces sujets un peu subliminaux, dont on parle sans en parler, sauf si McCain s'endort pendant un des débats. Car il est vrai que ce n'est un vrai problème que si le vice-président n'est pas jugé à la hauteur... Oups !

L'âge d'un président et l'inexpérience d'un vice-président sont deux problèmes assez mineurs en eux-mêmes, mais qui s'auto-alimentent: chacun rend l'autre pire. Historiquement, c'est une combinaison qui a été évitée. Dan Quayle en 1988 avait été jugé trop inexpérimenté, mais Bush ne risquait pas spécialement de mourir, et ça ne l'a pas gêné. Reagan en 1980 - 1984, Dole en 1996 étaient âgés, mais Bush et Kemp étaient des hommes expérimentés, reconnus nationalement car ayant déjà essayé d'obtenir la nomination de leur parti pour la présidence, et pouvant assurer la présidence au pied levé. En fait, c'est la première fois qu'un parti majeur tente une telle combinaison*. C'est donc une nouveauté. Et si ce n'est pas généralement fait, c'est d'abord parce que ça paraît être une mauvaise idée.

Dès le choix annoncé, le problème de l'âge de McCain est revenu en force. On entend beaucoup l'expression "A hertbeat away from the presidency", signifiant qu'il n'y a qu'un battement de coeur de McCain entre Palin, ex-reine de beauté, athlète, journaliste sportif, maire de Wasilla et gouverneur de l'Alaska depuis décembre 2006, et la présidence des Etats-Unis, et commandeur en chef de la plus grande armée du monde. De plus ou moins tabou, l'âge de McCain est peut-être devenu, dans cette campagne, un des plus importants problèmes non liés aux programmes.

Le choix de Sarah Palin est très risqué, tout le monde le sait. De mémoire, je ne pense pas qu'un candidat à la vice-présidence ait eu un impact aussi important sur les messages de campagne que celui qu'elle pourrait avoir. Il devient difficile de discuter l'expérience d'Obama, mais la nouveauté qu'il représente est émoussée ; le nombre de maisons de McCain est moins important, mais son âge beaucoup plus...  Comme toujours, je suis très curieux de savoir comment tout ça va tourner.

Sinon, le programme de la convention républicaine est modifié sans arrêt. Je ne mets pas de lien pour le programme, ça ne sert à rien (d'ailleurs, encore une nouvelle, le lundi est annulé). Par contre, Ambinder dit quelque chose d'intéressant : grâce au choix de Palin, il n'a pas besoin de la convention pour motiver les républicains. Elle aurait été utile pour reparler de son histoire et présenter Palin aux Américains. Mais s'il se montre comme quelqu'un proche des américains qui souffrent, plutôt que faisant la fête avec le parti républicain, très peu apprécié en ce moment, ça sera peut-être tout aussi bien pour son image auprès des électeurs hésitant encore (par contre, si les puits de pétrole offshore en prennent un coup... très, très mauvais pour McCain).

* Les âges des candidats républicains ici, pour les démocrates j'ai fouillé, à la limite, Cass à 66 ans en 1848 et Buchanan, 65 ans en 1856, pourraient coller, mais ça remonte quand même un peu. Seul Buchanan a gagné, et on le considère comme le plus mauvais président de l'histoire des USA.

<< Suivant                          Précédent >>