LA COURSE A LA MAISON BLANCHE

Les concurrents

Barack Obama

Joe Biden

John McCain

Sarah Palin

Bob Barr

Ralph Nader

Hillary Clinton

Bush & Co.


Les commentateurs

Comment ça marche ?

Le scrutin

Les grands électeurs

Le NPVIC

    L'élection générale

Le déroulement du scrutin

Les USA sont un état fédéral, constitué de 50 états et du district de Columbia (DC), contenant essentiellement Washington, la capitale fédérale. Le vote pour le président est indirect : dans chaque état, le peuple vote pour un candidat, à qui un certain nombre de grands électeurs sont attribués en fonction de son score. Généralement, tous les grands électeurs sont attribués au vainqueur de l'état. Le second tour, purement pour la forme, est l'élection du président par le collège électoral, qui rassemble les grands électeurs.

Il y a 538 grands électeurs (GE) au total, la victoire à l'élection demande donc 270 GE. Concrètement, connaissant le nombre de GE par état, n'importe quelle combinaison d'état amenant à plus de 270 GE entraîne donc la victoire d'un candidat, quel que soit la répartition du vote au niveau national. Connaissant les habitudes politiques, les particularités, la démographie et le nombre de GE de chaque état, on peut en déduire quels sont les états où la victoire est la plus importante. Ainsi, en 2000 et 2004, c'est le trio Ohio - Pennsylvanie - Floride qui a concentré les efforts des deux candidats. Le candidat qui gagnait 2 états sur les 3 l'emportait. Les démocrates n'ont gagné que la Pennsylvanie, perdant même d'extrêmement peu en Floride en 2000 (500 voix d'écart et un scandale mémorable) et en Ohio en 2004 (autre scandale). Pour les états décisifs de 2008, voir l'article sur la carte.

En cas de match nul électoral 269 - 269, un vote à la Chambre des Représentants, avec 1 voix par état, décide du vainqueur. Vu la composition de la chambre, c'est Obama qui devrait remporter l'élection dans une telle situation, qui entraînerait probablement un nombre phénoménal de scandales et procès en tous genres.

La répartition des grands électeurs

La répartition des grands électeurs entre les états dépend de leur population. Chaque état a autant de GE que de Sénateurs (2 par état) et de Représentants réunis. DC, qui n'a pas de Sénateurs, a autant de GE que l'état le moins peuplé, soit 3, comme par exemple le Montana ou le Wyoming, c'est-à-dire 2 Sénateurs et un seul Représentant, contre 2 Sénateurs et 53 Représentants pour la Californie, l'état le plus peuplé. Au total, les 538 GE sont donc aussi nombreux que les 100 Sénateurs, les 435 Représentants et les trois voix de DC réunis.

Les états les plus peuplés sont donc très bien représentés, mais les états les moins peuplés ont relativement plus de grands électeurs par habitant. La Californie a ainsi 77 fois plus d'habitants que le Wyoming (38,5 millions contre 500 000), mais seulement 18 fois plus de grands électeurs (55 contre 3), ce qui signifie que faire beaucoup de publicité dans les petits états, ce qui ne coûte pas cher, peut également être une stratégie gagnante.

Les états peuvent attribuer leurs GE de la manière qu'ils le souhaitent, mais en pratique, le candidat ayant obtenu le plus grand nombre de voix reçoit tous les GE de l'état. Si ceci peut paraître inéquitable, c'est une conséquence directe du mode de scrutin et du fonctionnement politique des USA. Il faut le comprendre dans une logique de concurrence entre les états. Les priorités des états urbains et ruraux, du nord et du sud, du centre et des côtes, sont très différentes. Dans une répartition proportionnelle des GE, une victoire ne rapporterait pas beaucoup plus de GE qu'une défaite. Les candidats négligeraient ces états, et donc leurs priorités, pour chercher à convaincre les électeurs des états où une victoire rapporte tous les GE de l'état, et où se créent les différences entre une victoire et une défaite. Passer à un mode de scrutin proportionnel aujourd'hui serait donc pour un état une sorte de suicide politique.

Il reste néanmoins deux exceptions à cette règle. Le Maine et le Nebraska, deux états assez petits, donc ayant peu de GE, respectivement 4 et 5. Ce sont donc des états ayant chacun 2 et 3 Représentants, donc 2 et 3 districts (zone que représente un Représentant). Dans chacun de ces états, deux GE sont attribués au vainqueur du vote de l'état, et 1 au vainqueur du vote dans chaque district.  Il est donc possible que les GE de chacun de ces deux états ne soient pas attribués à un candidat unique, ce qui peut faire pencher la balance dans une élection très serrée, même si cette situation ne s'est jamais produite jusqu'à maintenant.

Le Nebraska vote traditionnellement républicain et le Maine démocrate, mais Obama a déjà montré son intention de faire campagne activement dans le district d'Omaha, et McCain pourrait chercher à remporter le second district du Maine, plus rural que l'autre, et où faire campagne est très peu onéreux.

Un jour, un vote au scrutin direct ?

Le NPVIC, ou National Popular Vote Interstate Compact est une initiative législative ayant pour but de transformer le scrutin américain indirect en scrutin direct, supposé plus juste, non pas en supprimant le collège électoral mais en le rendant inutile et redondant.

Le principe part de deux éléments déjà mentionnés : chaque état distribue ses électeurs comme il le souhaite, et il suffit de 270 grands électeurs pour remporter l'élection générale. Le principe du NPVIC est que les états signataires donnent leurs GE, non pas au vainqueur du vote dans l'état, mais à celui du vote national. Si ces états comptent ensemble plus de 270 GE, alors le vainqueur du vote populaire remporte au minimum ces 270 GE et l'élection générale, quoi qu'il arrive dans les états non signataires du NPVIC. Le collège électoral, les 538 GE et leur distribution existeraient toujours, mais n'auraient plus aucune utilité.

Le C de NPVIC, le terme "Compact", signifie pacte. Le texte de loi que peuvent signer les états est un pacte disant que le système s'appliquera dès qu'assez d'états l'auront signé pour le rendre efficace, c'est-à-dire des états représentant plus de 270 GE. En attendant ce moment, le système normal d'attribution des GE, celui utilisé actuellement. Ainsi, les états peuvent le signer sans que cela ne perturbe les élections.

Ce type d'idée est le genre qui paraît intéressante mais qui ne va jamais nulle part. Or, dans ce cas, depuis que l'idée a été lancée en 2001, il a été signé par 4 états représentant 50 GE : Hawaï, Illinois, Maryland et New Jersey. Dans 6 autres états, représentant actuellement 134 GE, il est en cours d'étude, à un stage ou un autre de l'étude d'un projet de loi. 

L'acceptation au niveau national, même si assez d'états le signent, sera difficile. Il n'est pas très clair si des états peuvent réellement signer un pacte électoral sans l'accord du Congrès (Sénat + Chambre). On peut supposer que si le pacte arrive à ce niveau, il se terminera devant la Cour Suprême américaine.